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  • Léo-Paul

Drapeau en Bern

À l'heure où les politiques qui font le cœur de son programme se font sentir de plus en plus essentielles, Bernie Sanders jette l'éponge. Il ne sera pas le candidat démocrate à la présidence des Etats-Unis. C'est un coup dur pour l'espoir qu'incarnait sa candidature et le mouvement qu'elle a engendré. C'est le chemin vers un nouveau mandat de Donald Trump. Mais c'est aussi une étape importante dans l'éveil des consciences et la mise à mort du système.


N'est-ce pas le but ? Avancer, conscience par conscience, convaincre qu'une vie meilleure est possible pour tous. Que les soins n'ont pas à être si chers, que l'Etat peut, et doit se permettre d'assurer une couverture santé à ses citoyens. Que la pauvreté et la précarité ne sont pas des fatalités mais le résultat d'une accaparation des richesses par quelques uns à cause de règles qui leur profitent, et que les règles peuvent être changées. Que le dérèglement climatique n'est pas une fatalité, à condition que l'Etat prenne ses responsabilités et cesse les politiques ultra-libérales, ultra- mondialisées, qu'il taxe et sanctionne les entreprises qui font leur commerce au détriment de l'environnement, qu'il investisse dans des énergies propres...



Notre société n'est pas une fatalité.


C'est le message que portait « Not me, Us. », la campagne de Bernie Sanders. Lors de sa première campagne, en 2016, Bernie Sanders avait chamboulé la scène politique américaine avec des idées considérées comme radicales : une couverture santé pour tous (Medicare for All), d'importantes taxes sur les grosses fortunes, une hausse du salaire minimum, un plan très onéreux de transition écologiste (Green New Deal)... Il a perdu, de peu, la primaire face à Hillary Clinton mais depuis, toutes ces idées ont fait leur chemin dans les consciences aux Etats-Unis, et sont devenues incontournables. Cette fois, Bernie Sanders, pourtant un temps favori, n'aura pas réussi à transformer l'essai, malgré une campagne historique en adhésion comme en donations. Tous les représentants modérés du Parti Démocrate (qui y sont ultra-majoritaires) ont choisi de faire barrage à Bernie Sanders. Leur ralliement à son adversaire Joe Biden (Vice-Président de Barack Obama) résulta en une dynamique montée de toute-pièce et amplifiée par les médias, en faveur de celui-ci.



Un candidat faillible.


En effet, Joe Biden s'est fait très rare en apparitions publiques alors que celles-ci étaient systématiquement ponctuées de gaffes (oubli du nom d'Obama, de Dieu, confusion entre sa femme et sa sœur, perte de son fil de parole pendant de longues secondes...), laissant planer de graves doutes sur ses fonctions cognitives. Lorsqu'il a publié son rapport de santé, seul manquait son bilan cognitif. Pas de quoi rassurer les internautes scrupuleux qui ont exprimé de nombreuses inquiétudes sur les réseaux sociaux. En revanche, pas un média démocrate ou modéré n'en a fait mention, personne n'a prévenu l'électorat ni n'a demandé d'explications à l'intéressé. Pourtant, dans l'affrontement pour la Maison Blanche, Trump ne s'en privera pas. Plus grave encore, le candidat Joe Biden a été de nombreuses fois accusé de comportement inapproprié par des femmes, en témoignent de nombreuses vidéos de frottage de joue, baisers volés, étreintes insistantes, proximité exagérée... Récemment, une ancienne collaboratrice, Tara Reade, l'a accusé de viol, récit et témoignages de collègues de l'époque à l'appui. Le candidat, qui avait déclaré dans les années 70 qu'il pensait que « les femmes ne devraient pas avoir le droit de décider seules de ce qui arrive à leur corps », puis après la vague #MeToo qu'il fallait « croire les femmes » qui dénonçaient des agressions sexuelles, a décidé de ne pas s'exprimer sur les accusations à son encontre. Les médias ont également décidé de ne pas en parler, alors qu'ils en avaient fait des affaires (à raison !) en 2016, quand Trump était sous le coup d'accusations similaires. Deux violeurs s'affrontent pour la présidence.

Ainsi, le candidat Biden, qui ne porte aucune proposition forte, qui veut maintenir le status-quo et qui affiche comme seul objectif de battre Donald Trump - comme si retirer un symptôme guérissait la maladie d'un système à bout de souffle - a pu se frayer un chemin jusqu'à l'investiture sans trop d'efforts. Il va ainsi droit à la défaite, alors que la dernière candidature modérée (américain pour libéral et capitaliste) d'Hillary Clinton était la cause même de l'élection de Donald Trump. L'establishment démocrate aurait pu opter pour une proposition radicalement différente : l'anti-thèse de Donald Trump, prônant un réel changement dans la vie quotidienne de tous et dans la façon de faire de la politique, se basant sur un solide et vaste mouvement citoyen. Hélas, il a choisi de tenter à nouveau l'expérience du candidat modéré, avec un Joe Biden qui n'a ni l'étoffe ni le talent d'Hillary Clinton.



Trump ou Biden conserveront le système capitaliste tel qu'il est, créeront de la pauvreté, encourageront l'accumulation des richesses, ne seront pas à la hauteur du défi écologiste... Comme lors du second tour de 2017 qui opposa Macron à Le Pen, cette partie est perdue d'avance. En revanche, les idées portées par le mouvement « Not me, Us. » sont désormais ultra-majoritaires dans la base démocrate, et de plus en plus répandues dans la population. La lutte continue et les consciences se forgent, tandis que l'idéologie mondiale capitaliste avance, lentement mais sûrement, vers son point de rupture. Sans retour en arrière possible. Il faudra alors aller de l'avant et bâtir le monde de demain autour de la solidarité, du respect de la nature et de l'humain.

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