Bulletin n°4 : premier bulletin depuis la fin du monde
- Jude
- 22 mars 2020
- 4 min de lecture
Le principe des bulletins, c'est, chaque dimanche en fin d'après-midi, de vous proposer quelques mots à penser, à découvrir, à oser, à apprécier, à oublier, à apprendre, pour la semaine à venir. Nous composons les bulletins au gré de nos envies, de nos émotions, de nos connaissances. Vous y trouverez de petites choses que nous souhaitons partager.
Chers lecteurs, chères lectrices, on espère du fond du coeur que vous allez bien, et vos proches aussi. Prenez soin d’eux et de vous-mêmes. Pensez aussi aux milliers d’inconnus dont la vie dépend peut-être d’un de vos gestes, d’une inattention, d’une attitude désinvolte... Pour la première fois pour beaucoup d’entre nous, nous avons un pouvoir de vie ou de mort à petite comme à grande échelle, et l’héroïsme n’a jamais été aussi accessible et banal: réduire ses déplacements et ses interactions sociales au strict minimum et les effectuer avec toutes les précautions nécessaires pour soi et pour les autres (ne jamais oublier qu’on peut être malade et contagieux sans en avoir conscience, et que ce virus bénin voire indolore pour la majorité d’entre nous est une peste pour les plus fragiles), ne pas encombrer inutilement les hôpitaux et les cabinets de médecins, en un mot rester chez soi et laisser les vrais héros sauver des vies.
Pour vous y aider, voici une petite liste d’idées de choses agréables ou utiles à faire pendant cette drôle de période vraiment pas drôle.

À écouter
Vendredi 6 mars, dans une autre vie, France Inter proposait une Journée #ToutesFéministes deux jours avant la Journée internationale des droits des femmes. Moi qui n’écoute presque pas (plus) la radio, je vous conseille vivement d’écouter ces émissions si vous ne savez pas trop quoi faire de vos journées de confinement.
En particulier le Boomerang du jour d’Augustin Trappenard, qui recevait l’actrice et réalisatrice féministe française Delphine Seyrig... morte il y a bientôt trente ans. Le concept peut paraître un peu étrange voire glauque au premier abord, mais cet entretien fictif constitué d’extraits d’interviews bien réelles de l’actrice de L’Année dernière à Marienbad et du Charme discret de la bourgeoisie donne en fait un très beau moment de radio, surtout si comme moi on ne connait pas déjà la voix, la vie et la pensée féministe de Delphine Seyrig.
Si ça vous plaît, les opus du même jour de L’instant M de Sonia Devillers et de Grand bien vous fasse ! d’Ali Rebeihi, consacrées respectivement à la place des femmes dans la nébuleuse très masculine du gaming, et à un débat entre des représentantes de différentes conceptions et mouvances du féminisme, sont aussi intéressants.
À voir
Netflix n’est pas une très bonne chose pour la magie du cinéma et surtout pour la bande-passante mondiale donc pour l’environnement, mais honnêtement c’est un bon ami pendant le confinement. Si vous avez un compte, vous pouvez voir un sacré nombre de bonnes séries, mais aussi pas mal de bons films comme ceux du Studio Ghibli (parfait si vous avez ou êtes des enfants qui tournent en rond, mais quelque soit votre âge en fait) ou des créations originales comme par exemple le singulier Uncunt Gems des frères Safdie.
Mais si vous refusez - à raison - de contribuer à une économie capitaliste mise à genoux par un pangolin, c’est plutôt le moment de vous abonner à la Cinetek (qui pour la très modique somme de 2,5€ donne accès à dix classiques par mois), à Mubi (qui propose un film, souvent de qualité, par jour) ou une des nombreuses filmothèques digitales qui soutiennent le cinéma d’auteur.
À propos de filmothèque soutenant le cinéma d’auteur, celle du Quartier Latin, vénérable salle parisienne de la rue Champollion, propose actuellement via sa page Facebook une sélection hebdomadaire de (très) bons films à voir gratuitement, à la télé ou sur internet.
La Cinémathèque de Milan a aussi laissé en libre accès son catalogue, et le cinéaste franco-irakien Abbas Fahdel a fait de même via son compte facebook pour son documentaire sur sa famille et son pays pendant la guerre, Homeland: Irak année zéro, film très puissant et vraie expérience cinématographique dont la grande longueur, inconvénient commercial en temps normal dans un monde à 120 BPM, s’avère très intéressante pour remplir une journée de confinement pas palpitante.
À rire
Pour se dérider en cette période dont l’humour n’est pas la première caractéristique, une intégrale des Inconnus ou de Friends, entre plein d’autres classiques, n’est jamais de trop.
Si vous ne connaissez pas encore, certains « neurchis », des groupes Facebook de memes (c’est à dire de montages numériques qui associent quelques mots à une ou des image(s) fixe(s) pour créer un résultat rigolo), valent vraiment le détour, surtout en ce moment puisque tous les petits geeks rigolos ont plein de temps libre et pas mal de créativité. Forcément, l’humour actuel est souvent noir, mais ça fait souvent du bien. Le meilleur est sans doute le « Neurchi de flexibilisation du marché du travail » (actuellement rebaptisé « du télétravail »), mais il y en a pour à peu près tous les goûts (si vous êtes amateur des aventures d’Hubert Bonisseur de La Bath, vous adorerez le « Neurchi d’OSS 117 »). Attention quand même, pour les adultes pas très doués avec tout ce qui touche de près ou de loin au numérique ni très familiers de ce type d’humour (je parle en connaissance de parents) : certains memes nécessitent pour être compris et appréciés de se familiariser un peu au préalable avec les codes du milieu, et il ne faut donc pas décourager si ce n’est pas immédiatement drôle.
Sinon, le « journal de confinement » de Pierre-Emmanuel Barré, dont un numéro (une vidéo de quelques minutes) est mise en ligne chaque jour sur sa page Facebook, est très drôle, à condition d’aimer (ou d’apprendre à aimer) l’humour pour le coup carrément trash (et très engagé et radical politiquement) de l’ancien humoriste de France Inter.
À faire
Si, à la longue, vous ne supportez vraiment pas l’inaction et la sédentarité, et que vous êtes sûrs de ne pas avoir le virus, il y a quelques très bonnes actions à faire: se porter volontaire pour garder les enfants de ceux dont le travail est nécessaire, participer à des « maraudes » pour aider les grands oubliés du confinement que sont les SDF...
Restez chez vous. Prenez soin de vous. Plein de bisous.
Jude
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