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  • Ella Lewis

Non-respect du confinement : désir de désobéissance civile ou peur de la solitude ?

Lors de son allocution jeudi 12 mars, Emmanuel Macron a interdit les rassemblements de plus de cent personnes et a découragé les Français.e à sortir de chez elleux, sans cependant leur interdire. Voici des images de Paris les samedi 14 et dimanche 15, en contexte de pandémie :


On observe que les Français.e.s n’ont pas l’air spécialement effrayé.e.s à l’idée de contracter la maladie et on peut les voir se promener sur les quais de Seine, profiter de leurs journées de télé-travail - qui semblent leur permettre de capter les premiers rayons de soleil printaniers.

Le sentiment de vacances anticipées semblait si présent que les Français.e.s en ont oublié d’aller voter !

« Avec un taux d'abstention national d'environ 55,25%, le scrutin a battu tous les précédents records (et de loin !) » [1]




Pour résumer la situation un peu grossièrement, pour faire bronzette pendant la pandémie il y a du monde, mais quand il faut faire son devoir de citoyen.ne y’a plus personne.


Mais d’où vient ce non-respect des règles d’hygiène, indispensables durant ce temps de crise sanitaire ? Pourquoi ce problème est-il pris si légèrement ? Je ne pense pas que les Français.e.s soient plus dissident.e.s que d’autres… Je pense plutôt que cela est lié à la peur de l’isolement et de la solitude qui fait maintenant partie intégrante du fonctionnement du monde dans lequel nous vivons.


Comme nous le savons déjà, l’apparition des nouvelles technologies a créé cette « sur-connexion » à laquelle nous nous sommes habitué.e.s ; non seulement on a l’opportunité d’être en contact avec des gens que l’on connaît, mais également des gens que l’on ne connaît pas (célébrités, personnalités publiques, ami.e.s d’ami.e.s… ).

Les réseaux sociaux sont aussi des outils de sur-partage, où l’on se sent mal d’être resté.e à la maison ce samedi soir, parce que l’on voit en direct que tout le monde sort, socialise, crée des liens.


On a ainsi tou.te.s intériorisé l’idée qu’être seul.e, c’est mal, aussi bien le temps d’une soirée que d’une vie entière : malgré l’évolution des moeurs, ne pas fonder une famille, ne pas avoir de compagnon/compagne, vivre un mode de vie « isolé » ou, plus simplement, ne pas apprécier les évènements sociaux est perçu péjorativement.


Alors, rester à la maison ? Deux semaines, voir plus ? Sans sociabiliser ? C’est angoissant. On ne nous a pas appris à vivre avec nous-même - ce qui est en fait une forme de coexistence, car on ne se connaît pas tant que ça… On n’a pas le temps de s’écouter, car quand on ne travaille pas on sort, si on s’ennuie on regarde Instagram ou Netflix, on ne fait jamais rien. L’ennui est alors perçu comme une « perte de temps ».


Ce n’est un secret pour personne, nous sommes le produit de la société capitaliste et bien que cette phrase semble un peu évidente ou clichée, elle prend tout son sens quand on prend le temps d’observer notre manière de se comporter. C’est aussi à nous de comprendre ce phénomène de "hustle culture" , au sein duquel on est pris.e.s et où l'on se sent obligé.e.s de cocher toutes les cases : travailler et être sociable en même temps.


Certes, le confinement est fatiguant car on veut tout simplement prendre l’air, continuer le cours habituel de notre vie ; mais c’est surtout la plainte des Français.e.s lors de la fermeture des bars et boîtes de nuit qui m’ont fait réfléchir à cela.



Ella L.


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