Depuis quatre ans
- Ella
- 13 nov. 2019
- 2 min de lecture
Aujourd’hui c’est le 13 novembre et il y a quatre ans je découvrais la violence.
Il y a quatre ans j’apprenais la douleur.
Aujourd’hui c’est le 13 novembre et depuis quatre ans je découvre la violence.
Je découvre la violence contre les femmes, méprisées, insultées, abîmées, tuées.
Je découvre la violence contre les kurdes en Turquie, contre les musulmans en Chine, contre les habitants de Hong Kong ou de Syrie, la violence partout tolérée.
Je découvre la violence contre la Terre, contre les animaux, les arbres, la mer, contre ce qu’il y a de plus beau.
Il y a quatre ans j’ai rencontré la haine.
Depuis la haine, je la croise chaque jour : la haine envers ceux qui veulent changer le monde ou qui espèrent changer leurs vies, la haine envers les femmes voilées, envers les juifs, envers les Noirs, la haine envers la différence de sexualité, la haine envers ceux qui ont la naïveté de croire qu’ils trouveront en France, en Italie ou aux États-Unis une terre fraternelle et amie, la haine envers ceux qui demandent un peu parce qu’ils n’ont rien et que nous avons tout, haine parce qu’ils nous renvoient inévitablement à ce que l’on refuse de voir.
Il y a quatre ans j’ai vu la tristesse.
Depuis la tristesse habite les gens que je rencontre : tristesse des gens qui dorment dans la rue, tristesse de ceux qui perdent ceux qu’ils aiment, tristesse de ceux qui abandonnent parce qu’ils désespèrent, tristesse des fatigués, tristesse de ceux qui savent.
Mais il y a quatre ans j’ai aussi ressenti pour la première fois un souffle, d’une indescriptible force, le souffle chaud de l’étreinte d’un peuple. Et depuis, ce souffle agite, un peu partout. C’est le souffle de celles et ceux qui célèbrent enfin leurs et la différence, le souffle de celles et ceux qui osent enfin raconter leur(s) histoire(s), c’est le souffle de celles et ceux qui descendent enfin dans la rue, le souffle de celles et ceux qui affirment qu’il y a des solutions, c’est le souffle de l’un qui réchauffe les mains froides d’un autre, le souffle de l’une qui murmure l’émancipation à l’oreille d’une autre.
Depuis quatre ans j’apprends aussi à distinguer les sourires. Il y a le sourire de la pleine lune, le sourire de mes amies qui dansent, le sourire des enfants qui apprennent, le sourire du cinéma, des livres, de la musique et du bout du monde, le sourire du froid et celui du rayon de soleil, le sourire qui veut dire « je comprends », « j’y crois » ou « il n’est pas trop tard ».
Face à la violence, la haine et la tristesse s’épanouissent je crois toujours des souffles et des sourires. Et moi j’aimerais bien qu’une épidémie d’espoirs amoindrisse la peine. Le 13 novembre 2015 c’était il y a quatre ans. Cela fait quatre ans que je connais le monde et je commence à croire que c’est à nous de le réparer. d’en faire un endroit plus doux.

Commentaires