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La nouvelle génération psyché

  • Giulia
  • 15 févr. 2017
  • 5 min de lecture

L’on pense souvent que l’ère du psychédélisme se limitait aux années 60. Mais le mouvement est immortel, et il se renouvelle sans cesse : la preuve avec ces six groupes qui assurent la relève de l’état d’esprit si particulier qui fait l’essence même du psychédélisme.

Pauw

C’est une délicieuse découverte que sont ces nouveaux arrivants sur la scène psychédélique. A la première écoute, l’on perçoit directement un croisement entre les années indiennes des Beatles et la psych pop (qui connaît un véritable essor aujourd’hui, grâce à des groupes prometteurs à l’instar de Tame Impala, ou Jacco Gardner). Le son est doux, lumineux, marqué par la forte influence floydienne sur les musiciens. Originaires d’un petit village en Hollande, les très jeunes rêveurs décidèrent de faire de la musique qui leur ressemblait, mettant de côté tout format commercial. Ils offrent ainsi des morceaux que l’on pourrait qualifier de rock progressif classique alliant une approche plus pop, conforme à leur temps. De ce fait, avec cette parfaite alchimie accompagnée d'un indéniable talent, les Pauw (paon en hollandais) ont tout pour conquérir la nouvelle génération de hippies lunatiques, amoureux des transes orientales, des mélodies cosmiques et des voix aériennes de l’essence psychédélique. Vus au psych fest de Paris en juin dernier, ils sont à suivre et à guetter. L’album : Macrocosm Microcosm Une chanson : Visions Tu aimeras aussi : bah du coup Tame Impala et Jacco Gardner, mais aussi Dope Lemon.

Temples

Comment ne pas immédiatement être charmé par la musique de Temples ? Comment ne pas se réjouir d’un groupe répondant à toutes les attentes d’un amoureux du rock psyché en manque de nouveauté ? Les anglais au charisme magnétique et au talent fou répondent à cet appel au secours d’une manière magistrale. Leurs chansons sont profondes, entraînantes, spatiales, à l’accent pop mais aux antipodes de tout format commercial. Le synthé est léger, mais ajoute le grain de folie aigu, parfois même enfantin, qui parfaire un bon morceau pop psyché. Boucles ambrées, pommettes pailletées, regard perdu dans un espace lointain : les curieux personnages sont à l’image de leur musique, merveilleusement uniques. Après le miraculeux Sun Structures, véritable chef d’œuvre, le groupe sortira un nouvel album en mars prochain. Mars 2017 : sortie de Volcano Un morceau : tous bordel, mais surtout Keep in the Dark, Colours to Life, Certainty T’aimeras aussi : Night Beats, The Walking Who.

Psychic Ills

Le son est planant, déroutant, hautement hypnotique. S’inspirant directement des transes progressives des années 70, le duo américain compose des morceaux au style profondément ancré dans un rock planant presque hallucinatoire. C’est un rêve doucereux, parsemé de fumées violettes et d’encens indien, qui se ressent à l’écoute de leurs œuvres, aussi variées qu’uniques : des arpèges acoustique à la reverb en masse, la polyphonie se fait étrangement mystique et originale. Tres Warren et Elizabeth Hart en sont à leur cinquième album, qui leur permet facilement de s’élever au panthéon des dignes héritiers du Brian Jonestown Massacre. L’on pourra l’appeler musique de défoncés, mais nul besoin de substance : une chanson des Psychic Ills suffit pour s’envoler vers une autre dimension. Un album: Inner Journey Out, 2016 Un morceau: la féerique Mind Daze T’aimeras aussi : Dead Meadow, Dan Deacon.

King Gizzard and the Lizard Wizard

A la croisée des styles, les sept prodiges australiens s’inspirent de toute la musique disponible sur cette terre pour exprimer leur personnalité absolument délirante. Composant à partir de jams, comme l’on pouvait le faire pour les morceaux de jazz, King Gizzart and the Lizart Wizart mise tout sur l’improvisation pour créer des albums faits à chauds, aux antipodes du perfectionnisme. Le résultat est hallucinant : huit albums en l’espace de cinq ans, tous plus géniaux les uns que les autres. Il semblerait ainsi que l’inspiration semble couler naturellement chez ces camarades de studio comme de scène. Parfaitement soudés, leurs performances live sont absolument incroyables, grâce à leur harmonie impeccable qui ne rend leur énergie que démultipliée. Cette harmonie semblerait pourtant relever du miracle, lorsque l’on observe la complexité de leurs compositions. Enfin, nous serions tentés de qualifier cette folie furieuse qui habite leur musique de psychédélisme : comment les qualifier autrement ? Cependant le leader préfère définir le style du groupe comme « garage », affirmant qu’il ne se retrouve pas dans le rock psychédélique. Une réflexion sur notre obsession à toujours placer les groupes dans des cases stylistiques ? Un album : Noganon Infinity Une chanson : Cellophane T’aimeras aussi : The Murlocs.

The Babe Rainbow

Le retour au classique: les nostalgiques des années 60 trouveront un vent de fraîcheur dans ces joyeux gallois champêtres. Leurs chansons florissantes sont un pur bonheur, regorgeant d’ondes solaires à l’euphorie délectable. L’hommage aux années hippies est présent partout, suggéré par les costumes, les danses, ou même carrément explicite (« let’s go back to 1964 », paroles d’Evolution 1964). Cet hommage se veut d’ailleurs authentique au possible, comme le montre le clip de Secret Enchanted Brocoli Forest, mettant en scène sous un effet d’images d’archives de jeunes bellâtres dansant et s’aimant dans un pré probablement non loin de Woodstock. The Babe Rainbow semblerait ainsi n’avoir que peut d’intérêt : pourquoi écouter leur musique au lieu d’écouter les morceaux de l’époque ? Le véritable coup de maître du groupe est bien celui d’avoir remis l’esprit sixties au goût du jour, le modernisant par un son plus propre, moins doucereux, et surtout plus en lien avec beaucoup de groupes indépendants d’aujourd’hui : partagés entre l’admiration de la musique de leurs aînés et le désir de se remarquer, ils doivent réaliser le délicat exercice qu’est celui de jongler entre le modèle et le créativité personnelle. Et cet exercice, The Babe Rainbow semble le maîtriser à merveille. Un EP : celui homonyme Une chanson : Planet Junior T’aimeras aussi : The Growlers.

My Sleeping Karma

Loin de la légèreté du Babe Rainbow, les musiciens allemands de My Sleeping Karma font des morceaux purement instrumentaux, profonds et tortueux. Entre le doom et l’expérience transcendantale d’un trip de type puissant, le son est lourd, de plomb, presque larmoyant. Le riff est pesant, symbolisant l’ennui de la constance d’esprit, atteignant ainsi les troubles abyssaux de l’âme. My Sleeping Karma est à écouter avec une concentration extrême : nous sommes loin de la pop sixties, ici est l’autre facette du rock psychédélique, qui se rapproche de la transe spirituelle, du monde de l’hallucination profonde, d’où le nom du groupe et ceux des morceaux : Pachyclada, Psylocibe, Ephedra ou Brahama, véritables chef d’œuvres. My Sleeping Karma montre qu’au-delà des mots, la musique a le pouvoir d’exprimer des idées et des concepts extrêmement forts, et de mener à une profonde réflexion, tout en étant d’une beauté envoûtante. Un album : Soma, 2012 Un morceau : Ephedra T’aimeras aussi : Wall of Death

Le label ultime du psyché : Flightless

Giulia

 
 
 

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