top of page

Passions(s) Dolan

  • Jude
  • 4 oct. 2016
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 juil. 2023


Le petit prince canadien signe un film à son image, agaçant et génial, survolté et très émouvant.

"J'ait toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l'indifférence", disait Xavier Dolan en recevant, les larmes aux yeux et des tremblements dans la voix, le Grand Prix du Jury à Cannes, en mai dernier, pour son nouveau film, Juste la fin du monde.

Le petit prodige québécois (6 films -et pas n'importe lesquels- à 27 ans, c'est, on le répètera jamais assez, complètement dément !) avait raison: comme ses précédentes oeuvres, et même bien davantage sans doute, Juste la fin du monde ne peut pas laisser neutre, indifférent: son adaptation de la célèbre et très belle pièce aux forts accents autobiographiques de Jean-Luc Lagarce, peut en énerver, agacer voire exaspérer certains, et ce fut notamment le cas d'une partie de la critique sur la Croisette.

Je peux en partie comprendre les détracteurs du réalisateur de J'ai tué ma mère, et dois admettre que certaines choses, certains tics filmiques, m'ont un peu agacé, parfois.

Mais c'est aussi en cela que Dolan est fort, très fort, doué, très doué: ses films ne laissent pas insensibles, ils piquent, provoquent, dérangent, bousculent, font -énormément- réfléchir et débattre, et c'est souvent (attention, pas toujours) la marque des grands.

Parce que oui, pour moi (et beaucoup beaucoup d'autres, car il y a aussi et surtout des gens qui adorent ses films), Xavier Dolan est d'ores et déjà un grand réalisateur, avec ses aspects irritants qu'on retrouve dans ses films comme dans le personnage (très) médiatique, et il faut le prendre comme ça, plein d'une générosité énorme dont transpire son cinéma.

Tout en Dolan semble poussé à l'extrême dans Juste la fin du monde, et ça donne un cocktail explosif, qui prend à la gorge et chamboule le spectateur, et correspond parfaitement au propos du film: Dolan raconte, dans ce chaos d'insultes et de d'amour, d'agressivité et de douceur, l'incommunicabilité qui détruit ces êtres.

Le drame familial du non-dit et du regret est présent dans chacun des dialogues, chacun des regards filmés en gros plans, pour toujours mieux étouffer le spectateur, dans ce huis-clos, cocotte-minute émotionnelle.

Dolan fait encore une fois parler, en plus d'une mise en scène et d'une maîtrise techniques toujours aussi (voire plus) épatantes, sa grande science de la musique, sa BO étant comme dans Mommy un alliage original et plutôt excellent de tubes populaires divers et variés qui font vivre l'image, scandent le film, lui donnent une irrésistible force et une grande chaleur dans des séquences où on a envie de se danser ou de pleurer, ou un peu des deux.

Surtout, sa direction d'acteurs est impressionnante.

C'était le principal point d'interrogation autour du film: qu'allait donner ce casting 5 étoiles, Vincent Cassel-Nathalie Baye-Léa Seydoux-Gaspard Ulliel-Marion Cotillard, soit la réunion de ciné mastodontes français assez décriés ?

Eh bien, c'st plutôt bluffant: nouvelle preuve que Dolan est un grand, il a su tirer le tout meilleur de ces acteurs (pourtant loin d'être dans mon panthéon personnel, a priori).

Hormis le fait qu'on oublie peut-être pas totalement qu'ils sont ces stars, avec tous les doutes que cela avait soulevés avant de voir le film, il faut le reconnaitre: ils campent tous très très bien leur personnage et se mettent impeccablement au service du jeune génie.

Pour résumer, si vous n'aimez déjà pas Xavier Dolan, irrités par ses extravagances et sa grandiloquence, n'allez pas voir Juste la fin du monde.

Par contre, si vous aimez (de "un peu" à "à la folie"), courez, volez: malgré ses indéniables petits défauts, Juste la fin du monde est un très beau film, rythmé par une BO d'enfer, très bien joué, marqué par un filmage oppressant mais virtuose et une mise en scène de haut vol, un film très émouvant qui fait beaucoup beaucoup cogiter, réfléchir, et qui s'embellit en y repensant.

Jude

 
 
 

Comments


bottom of page