Tops, flops et entre-deux des Jeux de Rio, merci pour ces moments: 2/3: Mi-tops mi-flops
- Jude
- 31 août 2016
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 juil. 2023
C'était bien joli, de faire le bilan de ceux qui ont déçu, pleuré, perdu à Rio, et ce le sera plus encore de raconter les exploits des héros de ces JO. Mais une quinzaine olympique ne peut pas être faite que de gagnants et de perdants, de héros et de méchants, de révélations et de désillusions. Il faut aussi des mi-figue mi-raisin, des "oui, mais", des coussi coussa. Les voilà.
Mi-tops mi-flops
La "Team Yavbou": C'est l'histoire d'une bande de potes, de mecs qui ont de bonnes tronches, que personne n'attendait et qui pourtant, ces derniers mois, ont tout trusté, ou presque. Alors que le volley français semblait roupiller paisiblement, cette équipe de jeunes fous a fait de ce sport en apparence simple et binaire un art par son inventivité géniale et permanente, et a remporté à la stupeur assez générale la Ligue Mondiale et l'Euro.
Oui mais voilà, Rio a été le premier gros os sur le chemin virevoltant de la "Team Yavbou", éliminée dès les poules avec 3 défaites en 5 matchs. Oui mais, on n'avait pas envie de considérer ça comme un flop. Parce que cette équipe est encore très jeune, et reviendra encore plus forte et folle.
Parce qu'elle a tenu tête à de grandes nations historiques du volley, dans une poule de la mort (le podium est 100% made in this poule, et la France a donc perdu face aux trois médaillés). Parce que sans la ruse écoeurante de l'Italie, qui a fait exprès de perdre face au Canada pour éliminer le perdant de France-Brésil (le pays hôte a ensuite remporté le tournoi dans la folie populaire contre...l'Italie), elle serait passée.
Parce qu'elle nous a fait aimer le volley, et qu'on a hâte de la revoir.

Le rugby à 7: Moi qui ne suis pas un grand fan de rugby, j'ai bien aimé découvrir le rugby à 7: c'est plus rapide, ouvert, fluide que le rugby à XV. Néanmoins, le format des tournois, qui se sont déroulés sur 3 petits jours à raison de plusieurs matchs par jour là où les autres sports collectifs se sont étendus sur toute la quinzaine olympique, laisse un peu dubitatif.
Tout comme cette impression d'assister à un sport encore en construction, une sorte de projet "work in progress" qui ferait un rapide crochet par les Jeux pour réparer cette anomalie olympique qu'est l'absence du rugby et se faire un petit coup de pub. Bizarre. Mais intéressant, aussi. On se revoit à Tokyo. Avec un produit fini?

Lavillenie: On sait, c'est un peu injuste de le retrouver dans cette catégorie. Renaud Lavillenie avait fait un concours parfait jusqu'à 5m98 en franchissant toutes les barres au premier essai et en battant le record olympique. Si ça en restait là, et dans 99 cas sur 100 ça en serait resté là, le perchiste français conservait son titre olympique, entrait toujours plus dans la légende et était encensé par tous, nous les premiers. Donc oui, c'est injuste. Oui mais voilà, ça ne s'est pas arrêté là: le Brésilien Thiago Braz a réussi le saut d'une vie à 6m03, au bout du concours d'une vie et a fait rugir de plaisir intense et inattendu le stade olympique, laissant Lavillenie, incapable de répondre à son dernier essai après deux échecs qu'on avait pensé sans conséquence, KO, sonné par la foudre qui venait de le frapper. Premièrement, si on ne peut pas reprocher au perchiste une énième absence lors des grands rendez-vous, loin de là, on peut remarquer un certain dilettantisme dans ses sauts à 6m03, lorsqu'il menait et pensé avoir gagné le concours, sans lequel il aurait sans doute franchi la barre tant il était en feu ce soir-là et tant il en était proche. Il apprend à ses dépens qu'un concours n'est jamais terminé et qu'il vaut toujours mieux enfoncer le clou. Ensuite, il y a plusieurs reproches à formuler au champion sur ses réactions après le coup de théâtre dont il fût le cocu.
Sa réaction sur la piste, d'abord: pourquoi faire l'impasse et tenter de franchir 6m08 sur un coup de dés. Il aurait sans doute mieux valu essayer de franchir dans un premier temps 6m03, dans ses cordes comme en attestent ses deux essais initiaux, afin de reprendre ses esprits et de garder trois tentatives pour 6m08.
Sa réaction aux micros, ensuite: certes, Lavillenie bouillait après son argent au goût très amer et avait des raisons d'en vouloir au public, qui l'a copieusement sifflé lorsqu'il est devenu le seul rival de Braz. Mais comparer ces sifflets à l'ambiance nazie des Jeux de Berlin de 1936 contre Jesse Owens...? Extrêmement déplacé...
Et puis comme l'a dit rudement mais avec raison Teddy Riner, cette pression populaire fait partie du jeu, existe partout et il s'agit pour un champion de savoir la supporter, si ce n'est s'en nourrir. Bref, l'argent olympique, surtout au vu des circonstances, est loin d'être un flop pour Lavillenie mais ne peut décemment pas non plus être considéré comme une grande performance.
Carton rouge au passage aux décérébrés qui l'ont sifflé sur le podium, ce qui là en revanche ne fait en aucun cas partie du jeu et est vraiment honteux.

Les commentateurs de francetv: Comme assez souvent avec France Télé, on a eu droit au pire... Bon sang, Nelson Monfort n'est pas encore à la retraite! Et ce brave Lionel Chamoulaud! Dernière trouvaille pour faire fuir le téléspectateur: Eric-Emmanuel Schmidt, au-delà du ridicule et de l'inutilité à l'athlétisme.
Mais on a aussi eu du très bon, faut le dire: Céline Géraud au judo, le dingo Rodolphe Gaudin au beach-volley et le grand retour de Pierre-Étienne Léonard ont, par leur compétence/ leur fraîcheur/ leur folie douce, contrebalancé l'effet toujours soporifique de la vieille génération.
(À voir, revoir, revoir encore, le sujet du Petit Journal consacré à l'OVNI absolument génial qu'est Pierre Etienne Léonard-attention c'est du très, très, très lourd- : https://www.youtube.com/watch?v=iDbwdsYdF-g).

L'équipe de basket serbe: Oui, la Serbie s'est hissée en finale du tournoi de basket masculin et est repartie avec la médaille d'argent. Mais de quelle manière... Les Serbes ont volontairement perdu leur match de poules contre la France pour ne pas se retrouver dans la partie de tableau de l'ogre américain, étalant une maladresse dans tous les secteurs de jeu très suspecte pour une équipe de ce niveau...avant de retrouver comme par magie un basket flamboyant en phase finale, pour le résultat qu'on connait, alors que la génération Parker, qui avait gagné ce fameux match de dupes, a connu une bien triste fin en s'inclinant lourdement en quarts de finale contre son éternel rival espagnol.
Si la Serbie est donc au top niveau résultats, elle est flop dans l'attitude, et j'étais bien content qu'elle se corriger par le Team USA en finale. Non au calcul antijeu, trop souvent le lot du basket européen!

Pierre-Ambroise Bosse: L'exact opposé de la Serbie: "PAB" a encore déçu sur les pistes, où, malgré d'évidents grands progrès qui laissent entrevoir des choses à la mesure de son talent, il a terminé 4ème, doublé par deux concurrents dans l'emballage final d'une finale du 800m rapide et spectaculaire. Mais quelle classe, quelle fraîcheur, quelle sympathie aux micros, sur les réseaux sociaux et dans son attitude! Ce mec est excellent, et ça finira par payer.
(À voir ou revoir, sa dédicace à son chat, Rabs, est ici -attention c'est du lourd- : http://www.closermag.fr/video/jo-2016-pierre-ambroise-bosse-fait-une-dedicace-a-son-chat-apres-son-epreuve-video-654498).

Jude
Comments