Tops, flops et entre-deux des Jeux de Rio, merci pour ces moments 1/3 : Flops
- Jude
- 28 août 2016
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 juil. 2023

Voilà, c'est fini. Depuis quelques jours déjà, c'est vrai, mais il nous a fallu un peu de temps pour se sortir de la torpeur du "Rio Blues" qui s'est installé brutalement lundi matin.
Comme une vilaine gueule de bois après deux semaines d'orgie télévisuelle.
C'est toujours très compliqué de comparer les Jeux entre eux, beaucoup plus qu'avec les Coupes du Monde par exemple, parce que le nombre de critères d'appréciation est immense.
On ne sait donc pas bien où les grands experts placeront ces Jeux de Rio dans leur hiérarchie, ce qu'on sait c'est que nous on a kiffé. Grave.
On va pas vous mentir, pas forcément parce que c'était Rio, même si cette ville est incroyable, magnifique, et qu'on classe l'ambiance dans nos tops.
Plutôt parce que la magie des Jeux se transpose justement partout, parce que ce moment de communion internationale fait un bien encore plus fou par les temps qui courent (moins vite qu'Usain Bolt).
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, de tous pays et toutes couleurs, merci pour ces moments.
Les Jeux, ce summum de l'émotion du canapé, cette parenthèse enchantée; les Jeux ce n'est plus avant quatre ans.
Pour en passer une infime partie, voici nos tops, flops et entre-deux de ces sublimes (comme toujours, comme tous) Jeux de Rio.
On commence par les flops, là où ça piquouille, pour monter en régime (comme Usain Bolt sur 100m).
Flops, La natation française : 4 ans après le superbe été londonien et au bout d'une olympiade plutôt très réussie, on n'imaginait pas un tel fiasco.
Même le grand arbre Florent Manaudou ne peut cacher la forêt, terriblement sinistre. Le p'tit frère de Laure est acteur des 2 petites médailles bleues mais ces 2 breloques ont le goût amer de l'argent déçu.
Les Français ont en effet perdu pour la première fois depuis 4 ans le 4x100m, contre les Américains, et sur 50m, Florent, sacré à l'immense surprise générale à Londres et qui avait tout gagné durant l'olympiade, a perdu pour un centième son titre, réalisant un moins bon temps qu'en demie la veille...
Mais les déceptions olympiques de l'enfant prodige de la natation française, qui pense à quitter les bassins, sont un peu des problèmes de riche vu le désert tricolore par ailleurs: aucune médaille, des humiliations à la pelle, en particulier pour Yannick Agnel, passé de quasi-meilleur nageur du monde il y a quatre ans à piètre éliminé en séries aujourd'hui, c'est une pitié...
Pour ne rien arranger, les règlements de compte internes et autres batailles médiatiques risibles ont achevé de pourrir le bilan.
Le mal semble profond pour ce sport qui avait atteint des sommets historiques en France ces dernières années et les mois à venir ne seront sans doute pas plus roses (enfin, bleus) que les quinze derniers jours.

Ryan Lochte : Au moins, la France ne s'est pas noyée seule dans les bassins cariocas. 5 ans après d'époustouflants Mondiaux où il avait surclassé Sir Michael Phelps, Ryan Lochte a bien mal vieilli.
Alors que Phelps a fini d'écrire sa légende en toute beauté (patience, les tops arrivent), son ami et rival a dû s'en remettre à l'écrasante domination du 4x200m pour ramener une médaille (d'or) de Rio. En individuel, il a toujours coulé dans les derniers mètres, toujours loin derrière le King. Et il a surtout fait parler de lui en dehors des bassins, en inventant une pitoyable histoire de braquage par de faux policiers pour masquer ses dévastatrices frasques nocturnes.
Du coup, grillé, il a écopé, d'une amende bien salée de 500 000 $.
On profite de cet acharnement divin pour conseiller à ce bon vieux Ryan de vite mettre fin à son vilain essai capillaire.

Jimmy Vicaut : Hormis en 2011 où, quasi-anonyme, il avait créé une surprise majuscule en s'invitant en finale de la distance reine aux Mondiaux de Daegu, les années se suivent et se ressemblent malheureusement pour Jimmy "Punchline" Vicaut: l'hiver ne lui fait absolument pas peur et il enchaîne les très bons chronos là où Bolt se cache, se préserve et se prépare, et l'été, quand ça compte, il se liquéfie tandis que "La Foudre" frappe.
Vicaut ne peut de toute manière clairement pas soutenir la comparaison avec le Jamaïcain, mais on attendait tellement de lui après une année où il avait égalé le record d'Europe (9'86) et alors que Bolt himself le désignait comme un concurrent très crédible au podium olympique.
Mais dès les séries, patatras...ou presque. Méconnaissable, Vicaut bouclait sa course en quatrième position avec un très vilain (à ce niveau, s'entend) 10'19, ce qui doit être un de ses pires chronos depuis 5 ans, au plus mauvais moment. Il passait de justesse, avant-dernier repêché au temps, évitant ainsi une humiliation et une désillusion inimaginables.
Le lendemain, il réalisait une impressionnante demie en 9'95 et on se prenait à rêver, à deux heures de la grande finale, dont il prendrait le départ entre Bolt et Gatlin, s'il vous plaît.
Longtemps, il est resté au contact de Sa Majesté Usain puis, lorsque Celle-ci a déployé sa foulée légendaire, il est resté sur place, foudroyé. 7ème en 10'05 alors que le podium était dans ses cordes chronométriques, Vicaut avait la tête de celui qui tombe encore de haut...
Cerise empoisonnée sur le gâteau déjà très amer, il s'est ramassé en beauté dès les séries avec ses potes du relais, sans Lemaître, qui lui hiberne l'hiver mais chante souvent l'été...

Justin Gatlin : Sur les pistes du stade olympique, Vicaut n'est pas le seul à avoir bu la soupe à la grimace.
Oh, bien sûr, Justin Gatlin garnit sa collection de médailles à la propreté très douteuse d'un argent olympique et beaucoup paieraient très très cher pour obtenir si belle récompense (à n'importe quel prix?). Oh, évidemment, Justin Gatlin a donné aux caméras et aux flashs des sourires plus nombreux, mielleux et faux que ceux d'une star hollywoodienne sur un tapis rouge.
Oh, certainement, Justin Gatlin a clamé qu'il était très fier de ses Jeux et qu'il était bien décidé à revenir toujours plus fort aux Mondiaux de Londres l'an prochain.
Mais allez, on n'est pas dupe pour un sou sur l'immense déception qui doit l'habiter.
Gatlin est en fait une sorte de Vicaut, en plus vieux (donc plus pressé) et plus fort (peut-être pour des raisons peu avouables): l'hiver, il fanfaronne en meetings et signe toutes les meilleures performances annuelles. Il se dit, on le dit prêt à renverser Bolt et le monde du sport tremble, il faut le dire, à l'idée que le roi de l'athlé soit ce coureur éprouvette, anti-Bolt à tous points de vue. Mais on ne devrait plus avoir peur: Gatlin a laissé passer sa chance il y a un an aux Mondiaux de Shanghaï: plus fort alors que Bolt, il avait laissé échapper pour un centième la victoire qui lui ouvrait grand les bras, rattrapé par la peur de battre le dieu de ce sport.
Idem sur 200m où battre Bolt est pourtant encore plus impensable.
Cette année, Bolt était revenu Bolt, Gatlin était moins rapide, moins confiant.
Le match était plié d'avance, et ce depuis un an.
Il a pris son départ canon, comme d'hab', mais il a assez vite eu la Foudre aux fesses, et ne l'a plus revue.
Sur 200m, coup de tonnerre: l'Américain n'a pas franchi les demies, dépassé par un puis deux concurrents alors qu'il feignait de contrôler à la Bolt, et hop à la trappe! Gatlin n'est pas Bolt, il a voulu copier à la légende sa décontraction divine, et s'y est brûlé les ailes, de façon un peu ridicule.
Enfin sur 4x100, il s'est aligné dans la ligne droite...opposée à celle de Bolt, évidemment, n'a pas brillé plus que ça, a fini en bronze, loin derrière les Intouchables Jamaïcains...et derrière les Japonais...avant d'être carrément déclassé, la faute à un passage de relais hors zone... Il y a 12 ans, à Athènes, là où les Jeux ont vu le jour, Justin Gatlin était devenu champion olympique du 100m, avant d'être contrôlé positif quelques années plus tard. On se dit que les Dieux de l'Olympe se sont un peu vengés du tricheur, et ont envoyé un message peut-être utile vu les turbulences que traverse l'athlétisme et le sport en général avec le dopage: les anneaux ne s'achètent pas avec de l'EPO.

Le golf : Usain Bolt l'a dit lui-même, à mots à peine couverts: le golf n'a rien à faire aux Jeux.
On ne dit pas autre chose. Le golf est un sport pratiqué par une "élite" constituée d'hommes riches et souvent vieux, pour faire court et bête. Tout le contraire des valeurs d'universalité et d'égalité de l'olympisme.
En plus, ça semble passionner les journalistes sportifs de France Télévisions, qui correspondent aux critères énoncés ci-dessus donc ça occupe un temps fou sur nos écrans, à la place de vrais sports olympiques, et c'est peu de dire que c'est ennuyant. Allez, ouste!

Cyclisme(s) : Alors là je suis désolé, ce sont des goûts personnels et subjectifs qui parlent et je sais que je vais pas me faire que des amis, ne serait-ce qu'au sein de la rédac', mais en même temps ces JO m'ont donné raison: le cyclisme, c'est ennuyant, on en voit trop à la télé, et mon Dieu que ça sent le dopage à plein nez.
Le cyclisme sur route, d'abord: des chutes horribles pour seule attraction, un vainqueur du contre la montre (Fabian Cancellara) qui prend sa retraite vite vite en emportant cette médaille alors que Lance Armstrong lui-même l'accuse implicitement de dopage (et c'est peu de dire que le bonhomme s'y connaît).
Sur piste, ensuite: C'est nettement moins médiatique et plus fun, mais bon sang, les Britanniques y gagnent à peu près 1000 médailles, et toutes ont le bon goût de la seringue... Regardez Jason Kenny, multi-doré à Londres puis Rio, accélérer et laisser les autres, qui ne sont pourtant pas des enfants de cœur, sur place, et revenez me dire dans les yeux que cet homme est clean.
Exactement comme les Chinois en natation ces dernières années, les Kényans en athlétisme ou encore les Russes à peu près partout, les Anglais ont fait du cyclisme sur piste une usine à médaille par un dopage (quasi) institutionnel.
Non messieurs les juges, je n'ai pas de preuve tangible, mais on en a rarement contre les dopés, qui ont malheureusement toujours un temps d'avance. VTT et surtout BMX, enfin: quelle tristesse de voir tous ces pauvres gens qui se prennent des gamelles affreuses qui font presque le plaisir du public...
Évidemment, tous les cyclistes ne sont pas dopés ou responsables des chutes etc, et la présence de "cyclisme(s)" dans les flops tient aussi au flop français dans ces disciplines, à tous les étages.

Novak Djokovic et Serena Williams : Le sale été du meilleur tennisman du monde, éliminé au troisième tour à Wimbledon, a trouvé son point d'orgue à Rio.
Djoko a quitté le court en pleurs, image rare et touchante, après sa défaite d'entrée face au revenant Juan Martin Del Porto, la grande sensation-émotion du tournoi masculin, qui trouve sa place dans nos tops.
C'est que les JO sont un des seuls manques au palmarès monstrueux de "Nole", qui sait qu'il a donc peut-être laissé sa dernière chance s'envoler, puisqu'il aura 33 ans et sans doute plus sa forme actuelle à Tokyo.
Comme il l'a avoué lui-même, Djokovic n'a pour une fois pas su supporter la pression nationale, et a aussi échoué dès le premier tour en double avec le spécialiste Zimonjic.
De son côté, la Reine Serena n'a pas vraiment ce problème de l'échec olympique puisqu'elle est déjà quadruple championne olympique (trois fois en double avec sa soeur Venus et en simple à Londres), merci pour elle.
Il n'empêche, Rio est une grande déception pour The Queen, arrivée en confiance avec sa belle victoire à Wimbledon, précocement éliminée en simple comme en double.
Rio ne laissera pas un souvenir impérissable aux Numbers One du circuit.
Pour les seconds, en revanche...Angélique Kerber ruminera sans doute longtemps sa défaite en finale contre l'énorme surprise Monica Puig (top, évidemment) mais on ne crache pas sur l'argent olympique, et Andy Murray a gardé son titre.

Le tennis français : Djokovic et Serena s'en consoleront facilement, eux. Ils ont déjà tant gagné, gagneront sans doute encore beaucoup.
Pour le tennis français, par contre, Rio s'annonçait tellement bien, peut-être même historique, que la désillusion est énorme et pourrait laisser des traces.
En simple, d'abord: aucune fille n'a passé deux tours et seuls Gilles Simon et Gaël Monfils étaient en huitièmes. Le premier, qui réalise une très mauvaise année, n'a pas passé l'obstacle Nadal à ce stade; "La Monf'", en revanche, s'est sorti d'un gros combat contre Marin Cilic...avant de céder en quarts de manière trop rageante, au bout d'un match encore plus intense, contre Kei Nishikori, après avoir mené 4-0 puis 6-3 dans le tie-break final...Monfils n'a plus le droit de perdre ce genre de matchs maintenant qu'il a mûri, dans une très bonne année, et la déception est énorme, alors que se jouait sans doute une médaille olympique.
Et que dire des doubles...tous favoris aux titres, tous ont échoué, tous dès le premier tour...un fiasco total.
Devant l'ampleur du désastre brésilien, on n'a rien trouvé mieux que de se déchirer, en dehors des courts, entre joueurs (Kristina Mladenovic, Benoît Paire) et Fédération (le Directeur Technique National Arnaud Di Pasquale en première ligne) avec des affaires plus pitoyables l'une que l'autre... À oublier, vite, l'US Open est déjà là, la demie-finale de Coupe Davis dans la foulée, avec potentiellement deux grandes finales bleues (la France est déjà en finale de la Fed Cup) en novembre.

Le racisme ordinaire des commentateurs de France Télévisions : On vous renvoie à l'article de Konbini à ce sujet, rien à ajouter...
Le dopage : Le fameux rapport McLaren a fait exploser l'omerta au meilleur moment: juste avant les Jeux. Parfait pour une prise de conscience...et puis même pas, finalement: le Comité International Olympique (CIO) a terriblement manqué de courage en autorisant finalement indirectement (c'est à dire en laissant aux Fédérations Internationales le soin de trancher au cas par cas) tous les sportifs russes (ou presque, puisque l'athlétisme a eu le courage de faire le ménage puissamment) à participer aux Jeux, contrairement aux indications implicites du rapport.
Qui plus est, les époux Stepanov, qui avaient permis de faire lumière sur ce système de dopage d'État dans leur pays, ont été interdits de Jeux au prétexte que Yulia, la femme (Vitali, lui, est entraîneur) avait été contrôlée positive il y a quelques années. Un beau message aux lanceurs d'alerte, à ceux qui prennent des risques (les époux ont du s'exiler aux États-Unis) pour tenter de nettoyer le sport. La grande classe, le CIO.
C'est à dire qu'il ne faudrait pas vexer M'sieur Poutine, à 2 ans de la Coupe du Monde en Russie et alors que les relations internationales sont fraîches... Du coup, la puanteur du dopage flottait dans l'air carioca, un peu partout avec des points très sensibles dans le vélodrome (voir plus haut) ou encore dans les bassins (la Russe Efimova copieusement sifflée, les déclarations de Camille Lacourt sur le Chinois Sun Yang, dont la prise de substances saute aux yeux...). Il faut mettre un grand coup de pied dans la ruche pourrie, il y a urgence! Pas sûr que l'élection de l'ancienne perchiste russe Isinbaeva, qui s'est révélée une nationaliste prête à tout pour défendre son pays et se venger de la fédération internationale d'athlétisme, qui l'a exclue des JO, aille dans ce sens...

Jude
Коментари