Belle à poil
- Angèle
- 2 août 2016
- 2 min de lecture
La lutte pour le port des poils s’inscrit dans le mouvement féministe, dans une recherche d’égalité face à l’homme où la femme serait libre de disposer de son corps, épilé ou non, sans pour autant être humiliée.

Epilation et humanité ont très vite été liées. En effet, dès la préhistoire des pinces à épiler en os ont été fabriquées mais c’est à partir du 3ème millénaire avant J-C que le culte de l’épilation s’est développé : dans l’Egypte Ancienne par exemple, l’aristocratie s’épilait intégralement ; le corps glabre étant signe de supériorité, d’évolution et de pureté, en opposition avec la pilosité. Puis au fil des siècles, l’épilation s’est développée : cires en tous genres, crèmes, épilateurs, laser… Ainsi, l’homme poilu devient symbole de virilité et de pouvoir tandis que les poils de la femme sont montrés du doigt. « L’imagination populaire assimilant le système pileux à la fourrure, y voit un indice d’animalité et d’agressivité sexuelle. Les hommes le cultivent […] Les femmes le dissimulent » énonce l’écrivaine féministe Germaine Greer en 1970. L’épilation féminine consiste d’abord dans la suppression des poils du visage, des jambes, des bras et du pubis, se limitant tout d’abord à la zone dite « maillot » puis au sexe entier. La femme épilée retrouve alors son corps d’enfant, soumise, elle devient surnaturelle et extraordinaire, virginale.
L’épilation féminine devient une norme à partir du XXe siècle. Jusqu’à lors, les nus ne sont pas considérées comme obscènes si l’on peut y voir des poils pubiens, et cette convention tient encore en 1930 à Hollywood, si bien que tout poil est prohibé. Il est de même en France, où ces poils sont censurés des magasines jusqu’en 1960. L’essor de la pornographie qui bombarde des sexes lisses est le premier responsable. L’homme identifie donc la femme désirable comme sans poil et la femme pour séduire et conquérir l’homme, s’épile.
Des voix s’élèvent : celles de mouvements féministes, estimant l’épilation contre-nature, celles des stars, comme Madona ou Laetitia Casta parues les aisselles non épilées, un tumblr, Hairy Legs Club qui propose des photos de femmes apparaissant avec leurs poils et leur féminité, et même une journée des poils (8 juin). Car l’épilation est une censure de la nature. Dès la maturité, les filles s’épilent, pour être plus belles, faire comme les femmes, ressembler à celles des magasines. C’est donc ça qu’on inculque ? Un tuning du corps ? Toujours plus mince, des seins toujours plus gros, et un corps toujours plus imberbe. Il devient naturel, normal, évident pour les filles d’annihiler tout ce qui prouve qu’elles sont femmes. D’autre part, pour le psychanalyste Marc-Alain Descamps “En rejetant leur pilosité, certaines femmes essaieraient de se débarrasser de leur corps et de cette sexualité effrayante. » Ou comment créer des complexes. Pour s’affranchir de tout ça, et revendiquer leur féminité malgré leur pilosité, des femmes ont teint les poils de leurs aisselles, jusqu’où iront-elles ?
Par ailleurs, la blogueuse Klaire fait Grr a écrit un livre pour prouver que les poils féminins sont naturels et qu’ils ne sont en aucun cas honteux. C’est avec beaucoup d’humour qu’elle lance un message, celui d’accepter son corps, de l’épiler ou non, mais de n’être contrainte de rien.

Le livre de Klaire fait Grr, Au Poil ! (29/04/2015, ed. Jungle, 6€) http://www.klaire.fr/gribouillages/au-poil/
Hairy Legs Club tumblr http://hairylegsclub.tumblr.com/
Komentar