Vivons !

Le terrorisme islamiste a une nouvelle fois ensanglanté la France, sur laquelle s'abat depuis 18 mois une vague écarlate d'attentats tous plus barbares, horribles et incompréhensibles les uns que les autres, de Charlie Hebdo à la Promenade des Anglais en passant par l'Hyper Casher et le Bataclan, entre autres.

Chacune de ces catastrophes fait d'ores et déjà partie de notre histoire, et nous ne devons jamais oublier. Jamais.

Mais rendre hommage à ceux qui sont partis, ceux dont la vie s'est arrêtée d'un coup, ceux qui ont vu leurs souffles, leurs espoirs, leurs projets, leurs rêves brisés par des fanatiques, rendre hommage à ces personnes tuées parce qu'elles avaient osées vivre librement, c'est d'abord continuer à vivre.

Pas vivre "comme avant" parce que rien ne sera plus, rien n'est déjà plus vraiment comme avant.

Vivre en faisant un peu plus attention - peut être, vivre avec une pointe d'appréhension -probablement, vivre avec des cicatrices qui ne partiront peut-être jamais -sans doute.

C'est humain, c'est naturel, et au fond c'est certainement nécessaire.

Mais vivre. À fond.

Vivre comme de vilains petits consuméristes ou comme de sensés minimalistes, comme des fous ou comme des sages, découvrir le monde ou rester observer sa ville toujours aussi belle, toujours elle-même malgré les larmes et le sang versés.

Vivez comme vous voulez, mais vivez!

Vivons comme nous voulons, mais vivons!

Allons dans les salles de concerts, dans les écoles, dans les bars, en terrasse, "embrassons-nous en abominables pervertis" comme disait un très bel article de Libération après le 13 novembre, et montrons leur qu'ils n'arriveront pas à nous désunir, à nous diviser, à nous opposer, qu'ils n'arriveront pas à éteindre la lumière et la flamme de vie qui dansent en nous.

Montrons leur que malgré toutes leurs horreurs passées et malheureusement sans doute à venir, toutes leurs tentatives de nous briser, nous sommes toujours de formidables buveurs, mangeurs, fumeurs, râleurs, fêtards, manifestants, pas contents, terriblement joyeux.

Montrons leur que nous sommes ce que nous voulons être, que nous sommes libres.

Montrons leur que nous sommes une affreuse bande de mécréants, et que nous aimons ça.

Oh ce n'est pas facile et ce sera même parfois très dur, de plus en plus peut-être, l'envie de céder à la bêtise, à la haine et au repli (c'est tellement simple d'être con!) sera peut-être tentante, mais si nous vivons ensemble, unis, si nous "sommes un peuple" comme titrait Libé au lendemain du magnifique mais trop éphémère 11 janvier, alors nous gagnerons.

Il va nous falloir une sacrée dose de résilience et de courage, mais nous vivrons et nous remporterons cette guerre d'idées, de conceptions du monde, cette guerre entre le néant et la lumière, l'ignorance et la culture, le fanatisme et l'ouverture, la mort et la vie.

Vivons, rêvons, aimons, vivons avec, vivons sans, vivons un peu différemment, pas tout à fait comme avant, vivons comme nous l'entendons, mais vivons librement, vivons putain, vivons!

Jude