Résonance Chinoise
- Angèle
- 19 juil. 2016
- 4 min de lecture
L’Enfance Lue s’est rendue à la cérémonie d’ouverture de l’Exposition itinérante internationale de la peinture à l’huile chinoise, Résonance Chinoise. Cet événement majeur pour les échanges culturels vise à faire découvrir au reste du monde la peinture à l’huile contemporaine chinoise, à promouvoir la progression artistique de ce domaine et ainsi la meilleure compréhension de la culture contemporaine de Chine.
La peinture à l’huile, mélange de pigments et d’huile siccative, est apparue à la fin du Moyen-âge en Occident et s’est développée grâce aux peintres primitifs flamands. D’autre part, la peinture traditionnelle chinoise est une peinture à l’encre ou à l’eau, sur de nombreux supports tels que la soie ou le papier, avec un emploi d’une succession de plans rabattus (contrairement à la perspective vénitienne pratiquée en occident depuis la Renaissance).
Après l’instauration d’une nouvelle république chinoise au début du XXème siècle, certains jeunes peintres à la recherche de nouvelles idées, sont allés étudier l’art occidental à l’étranger. En combinant ces nouvelles techniques à la culture ancestrale, la peinture chinoise se modernise ; elle conjugue donc des caractéristiques artistiques et un contenu spirituel qui lui sont propres. Par ailleurs, l’histoire artistique occidentale et chinoise sont très différentes l’une de l’autre : après la renaissance européenne, le classicisme et le baroque, autour des années 1850 naît une foule de mouvements artistiques qui s’éloigne petit à petit du réalisme à la Vermeer, aboutissant au XXème siècle au cubisme, dadaïsme et surréalisme, ainsi qu’à des installations telles que celles de Jean Tinguely.
Cependant en Chine, après l’échec de la République de 1912 certains chinois veulent couper avec la tradition en fondant une nouvelle culture inspirée des normes occidentales et bâtie sur la science et la démocratie. Des artistes comme Chen Baoyi ou Chang Shuhong rejettent totalement la peinture traditionnelle tandis que d’autres, comme Lin Fengmian ou Pan Yuliang, tentent d’allier les deux héritages. Dans les premières années de la République populaire de Chine, les artistes sont encouragés à produire massivement des œuvres à la gloire du régime, à la manière du réalisme socialiste soviétique. Puis de 1966 à 1976, la Révolution culturelle de Mao a pour but de supprimer les « vieilles coutumes » ; les écoles d’art sont fermées, les expositions cessent et de nombreuses destructions majeures ont lieux.
A la mort de Mao, une post-révolution-culturelle remet en question le principe maoïste selon lequel le contenu détermine la forme. Ainsi, une liberté artistique s’installe progressivement et un nouvel art chinois apparaît, partie intégrante de l’art contemporain international.
Depuis 2010, la Chine est numéro 1 des ventes aux enchères de Fine Art (peintures, sculptures, installations, photographies, dessins), notamment avec les artistes Zhang Daqian et Qi Baichi qui ont détrôné Picasso ! En 2012, il s’est vendu pour 12 milliards de dollars d’œuvres d’art dans le monde, dont 5 milliards en Chine. Mais étonnement, les acheteurs chinois ont surtout acquis des œuvres de culture chinoise traditionnelle ou alliant tradition et modernité, et d’artistes tous morts avant les années 2000.
Résonance Chinoise présente 152 œuvres de soixante-deux artistes, essentiellement des chercheurs de l’Académie de peinture à l’huile de l’Académie de peinture de Chine, et d’éminents peintres à l’huile chinois. Ici, nous pouvons voir que ces peintres s’appuient d’une part sur les traditions culturelles et artistiques profondes de leur pays d’origine, et d’autre part sur l’étude et l’exploration des effets artistiques et la qualité d’expression propre au langage pictural de la peinture à l’huile.
Ainsi, l’essor de l’art chinois tient dans sa pluralité et dans la liberté d’expression des divers courants ou écoles qui coexistent. Cette exposition a donc pour but d’exposer un échantillon de la peinture à l’huile chinoise, de présenter les aboutissants de cet art contemporain, afin de mieux faire connaitre au monde la culture contemporaine chinoise et d’accroitre les échanges culturels entre l’Orient et l’Occident.
Voici donc quelques œuvres où l’on peut supposer reconnaître certaines sources d’inspirations européennes comme les scènes de genre de Vermeer pour Amir, forgeron ouïghour de Zhang Zuying ou encore les détails à la façon de Velasquez pour Le soleil me suit où que j’aille de Wang Yidong. Notons d’ailleurs le réalisme très surprenant de cette œuvre, difficilement différenciable de la photographie.
Enfin, les tableaux de tournesols de Van Gogh et La Pie de Monet ont sûrement inspiré respectivement Xu Jiang dans ses Douze panoramas d’un champ de tournesols, et Shen Xinggong dans Village de montage enneigé. Mais des œuvres comme celles de Wen Lipeng, notamment La symphonie bleu blanc noir, montrent l’alliance des deux cultures : les plans utilisés sont typiques de la tradition chinoise, ainsi que les couleurs noir, blanc et bleu, et la signature rouge écarlate faisant référence au sceau traditionnel tandis que la technique, celle de la peinture à l’huile, est typique de la tradition occidentale.

Douze panoramas d'un champ de tournesols de Xiu Jang (2005) -180x200

Haut plateau enneigé de Zhang Jianjun (2006) - 180x150

Scène de Shi Chong (1996) - 240x85

La symphonie bleu blanc noir de Wen Lipeng (2007) - 140x140

Village de montagne enneigé de Shen Xinggong (2012) - 152x168

Le soleil me suit où que j'aille de Wang Yidong (2006) - 180x145

Amir, forgeron ouïghour de Zhang Zuying (2006) - 128x102
Une exposition très intéressante et enrichissante, du 14 au 30 juillet au Palais Brongniart : 28 place de la Bourse 75002 Paris (métro Bourse, ligne 3).
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