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Le grand jour

  • Jude
  • 10 juil. 2016
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 juil. 2023


Tonight is the night. Nous y sommes.

10 ans presque jour pour jour après les larmes déchirantes de France-Italie à Berlin, 16 ans après le sacre magnifique et renversant de France-Italie (encore, ou plutôt déjà) à Rotterdam, 18 ans après le triomphe historique d'un pays au Stade de France, déjà, l'Equipe de France est de nouveau en finale d'une grande compétition internationale.

Cette finale dont tout un peuple rêvait sans trop y croire après une année cauchemardesque marquée par des drames nationaux et par des forfaits et affaires à la pelle, après un début de tournoi souffreteux, les Bleus ont été la chercher avec une classe immense, dans un match dont on reparlera encore dans trente ans, contre l'Allemagne jeudi soir.

Face au champion du monde, plus fort sur le papier, mieux rôdé, plus juste techniquement et assez largement dominateur, la France a sorti un de ces immenses matchs d'équipe dont elle a le secret quand elle n'est pas favorite (on pense à France-Espagne et France-Brésil de 2006 notamment).

On lui a découvert d'incroyables facultés à jouer en bloc, à résister aux assauts répétés (mais un peu stéréotypés) de la Mannschaft, qu'elle a fini par dégoûter avec son organisation tactique parfaite, sa défense de fer, son goal imbattable (immense Hugo Lloris, qui a remporté haut la main son duel à distance avec Manuel Neuer, pourtant considéré comme la référence mondiale du poste), sa grande réussite dans les deux surfaces et son joueur fuoriclasse comme disent les Italiens, son homme providentiel en passe de devenir héros national et de rejoindre Patini et Zidane dans le coeur des Français: Antoine Griezmann, p'tit bonhomme absolument génial, qui allie la conduite de balle insaisissable d'un ailier latin, la vision du jeu d'un 10 et le sens du but d'un avant-centre, auteur d'un nouveau doublé.

Photo de couverture Facebook de SoFoot, un journal qu'on vous encourage à lire au centuple (en particulier l'édito Facebook sur le match de ce soir!) ;-)

Battre la bête noire historique, l'ennemi de toujours, l'Allemagne qui pour une fois a perdu à la fin, c'était absolument magique, fabuleux, grandiose, et quand j'ai été avec des amis fêter ça sur les Champs Élysées, j'ai vu dans tout Paris des scènes de liesse comme seul le foot en provoque, un pays vibrant et rayonnant, une joie qui faisait chaud au coeur dans la sombre période que traversent le monde et la France.

Mais pour rendre le match de jeudi encore plus beau, pour illuminer encore plus les visages français de 7 à 97 ans, il reste encore une marche, un match, et c'est ce soir, contre le Portugal, un adversaire a priori moins fort que l'Allemagne et à qui la France est supérieure, si elle arrive à développer son jeu.

Encore faudra-t-il y parvenir, contre ce Portugal qui s'est lassé de son éternel statut de beau loser et s'est ainsi mué depuis les huitièmes de finale, après une phase de poules dont il s'est tiré in extremis et sans gloire, en une équipe terriblement dure à manoeuvrer qui a fait déjouer tous ses adversaires, à commencer par la flamboyante Croatie.

La France devra donc à tout prix se tirer de l'ornière athlétique que les Lusitaniens cherchent à imposer et ne pas se laisser endormir par cette nouvelle Italie qui masque ses insuffisances défensives, sur laquelle les Bleus doivent appuyer fort, par un défi physique et moral âpre, fourbe et pas beau du tout à voir.

Et comble du danger, cette équipe globalement assez peu talentueuse qui est en finale l'air de pas grand chose, sans beaucoup de bruit et malgré les critiques acerbes sur son jeu, peut compter sur l'un des deux meilleurs joueurs du monde (pour ne pas se mouiller), un titan comme ce sport en a peu connus, un très grand footballeur: Cristiano Ronaldo, qui dispute peut-être ce soir le plus grand match de sa très riche carrière, 12 ans après ses larmes mémorables à la fin de la finale perdue par le Portugal dans son "Euro".

Le bambin de 18 ans est maintenant un joueur mûr de 30 printemps, il a gagné 3 Ligue des Champions, 3 Ballons d'Or et lorgne un quatrième, et s'il n'a plus les jambes pour accomplir d'immenses slaloms et des percées légendaires balle au pied, il est devenu un redoutable et économe finisseur, comme l'a montré sa demi-finale face au Pays de Galles.

Son Euro est moyen et il n'est plus le CR7 dribbleur et sprinteur fou d'il y a quelques années mais s'il sort le match de sa vie on ne pourra pas flaire grand chose à part prier ou, de façon plus réaliste, même dans un match quelconque, il lui suffit d'un ballon (tête, coup-franc, pied gauche ou droit: il sait tout faire et tout peut être dangereux) pour changer la face d'un match.

À charge donc pour la défense française, magnifique contre l'Allemagne mais qui vivra contre la Seleçao un tout autre genre de match puisque les Bleus domineront sans doute, de bloquer ceux qui peuvent lui fournir des balles de but.

À charge pour tout l'équipe de défendre et d'attaquer ensemble comme elle l'a si bien fait jeudi.

D'éviter le piège d'un match "trop facile" qui ne le sera clairement pas, d'éviter la décompression, de faire mentir la série qui veut que toutes les malédictions se brisent dans cet Euro (l'Italie a enfin battu l'Espagne puis a enfin été sortie par l'Allemagne qui est enfin tombée contre la France, laquelle bat toujours le Portugal...), et de poursuivre en revanche les séries qui veulent que le Portugal finisse toujours par perdre et que la France gagne toujours lorsqu'elle organise.

Allez les p'tits gars, faites nous kiffer encore une fois. Faites-nous rêver encore une fois. Faites-nous pleurer de joie, encore une fois. Pour l'histoire, la vôtre, la nôtre, la grande.

C'est votre grand jour, notre grand jour. C'est le grand jour.

Jude

 
 
 

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