Le ciel est bleu
- Jude
- 5 juil. 2016
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 juil. 2023

La photo de couverture Facebook de Paul Labile Pogba
Dimanche soir, au Stade de France, où tout un pays espère la retrouver dimanche prochain en finale, l'Équipe de France s'est enfin libérée de l'immense pression qui l'a trop longtemps clouée au sol ou si près depuis le début de "son" Euro. Contre l'une des deux grandes sensations du tournoi -avec le Pays de Galles-, l'Islande, formidable de courage et de puissance collective depuis le début de la compétition, les Bleus ont tutoyé la perfection au cours de 45 premières minutes absolument fabuleuses, peut-être la plus belle mi-temps bleue depuis 2006. À la pause ils menaient 4-0 grâce à des buts de chacun des membres de leur carré d'étoiles, Giroud, Pogba, Payet et Griezmann. Le feu d'artifices dépassait toutes les attentes, la fête était totale. La suite fut plus laborieuse, avec deux vilains buts encaissés -les premiers concédés dans le jeu- et un feu clairement moins brûlant devant, malgré le doublé de Giroud. Au final, malgré cette seconde moitié de match un poil frustrante, la France signe une victoire à l'ampleur rare à ce stade de la compétition et s'offre un bol d'air délicieux après quatre matchs suffocants. Les -grandes- satisfactions sont légion: l'attaque intenable marquée par une entente parfaite entre ses trois membres dans une forme étincelante qui ont multiplié les une-deux et les jeux en triangle, un grand Pogba -enfin serait-on tenté de dire, mais on a toujours su, contrairement à certains, que "le Poulpe" se réveillerait le moment venu- au centre d'un très bon milieu résolument offensif où Sissoko a encore été réjouissant et Matuidi monte en puissance, un Lloris encore une fois rassurant et décisif malgré les deux buts encaissés, le sentiment grisant que cette équipe a de nouveau tout du rouleau compresseur entrevu souvent depuis 2014 et qu'elle attaque enfin dans cet Euro comme une grande équipe, à défaut de défendre vraiment bien encore... La seule interrogation semble concerner -encore, toujours- la défense, jamais vraiment affligeante comme contre l'Irlande en huitièmes mais toujours fébrile et qui a encaissé deux buts largement évitables. Et alors que l'immense choc annoncé depuis le tirage au sort face à l'Allemagne aura bien lieu jeudi, ce secteur de jeu est préoccupant... Néanmoins, contre l'ennemi historique absolu qu'est la Nationalmannschaft, Deschamps n'a sans doute pas intérêt à s'avancer avec une composition d'équipe défensive et peureuse, sous peine de reproduire le même match affreusement frustrant qu'il y a deux ans en quarts du Mondial Brésilien, où les Bleus s'étaient montrés horriblement inoffensifs et avaient perdu (1-0) sans gloire. Non, la France doit attaquer, prendre le jeu à son compte, faire mal, très mal à cette équipe allemande qui comme au Brésil n'est jusqu'ici pas particulièrement impressionnante et brillante offensivement (ça, c'était avant) mais est redoutablement calculatrice et réaliste, comme elle l'a montrée face à l'Italie, qu'elle a battue à son propre jeu. Et pour ce faire, Deschamps doit sans doute laisser de côté -du moins d'entrée- l'excellent N'Golo Kanté et lui préférer Sissoko, moins incroyable footballeur mais doté d'un état d'esprit aussi irréprochable et qui permettra surtout de dominer ce choc ultime. Ou du moins d'essayer. L'autre demie verra s'affronter le Portugal et le Pays de Galles, Cristiano Ronaldo et Gareth Bale, dans une opposition de style nettement moins excitante sur le papier mais qui peut donner lieu à un match intense et très agréable comme l'a été Belgique-Pays de Galles (1-3). De ce match sortira un finaliste, le Portugal qui a troqué son costume de loser magnifique pour celui de gagnant ennuyeux et réaliste, ou le Pays de Galles, fantastique surprise de l'Euro français, porté par un joueur démentiel et une force d'équipe peu commune. Un finaliste quoi qu'il en soit étonnant. Ce qui nous fait dire, alors que le pays avance fiévreux vers le choc tant attendu, espéré et redouté contre l'ennemi historique, la bête noire de toujours, le champion du monde terrifiant dans ce qui sera une bataille tactique et technique de tous les instants et accouchera on l'espère d'un match grandiose et surtout d'une victoire bleue, que ce France-Allemagne est bien la finale avant l'heure, le match ultime, et qu'à 180 minutes du sacre tant espéré, le ciel est bleu et le rêve est permis.
Jude
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