Payet décroche la lune
- Jude
- 12 juin 2016
- 3 min de lecture

L'instant inouï.
Et au bout du bout d'un match qu'il avait déjà illuminé tout du long, Dimitri Payet a d'une frappe absolument sublime libéré tout un stade, bien plus encore, tout un peuple, qui retenait son souffle et voyait déjà la gueule de bois inquiète du lendemain si la France avait concédé le nul, vendredi soir. Alors qu'on y croyait plus vraiment, le Réunionnais a ajouté une délicieuse cerise à un gâteau dont il avait été le principal cuisinier, l'artisan majeur. Comme s'il refusait que tous les efforts qu'il avait magnifiquement déployés n'offrent à l'équipe et au pays qu'un triste match nul. Payet, pas assuré du tout d'être dans la liste il y a quelques mois malgré une somptueuse saison à West Ham et pas parti pour être titulaire face à la Roumanie jusqu'il y a une semaine, a régalé tout au long du match, récité une partition presque parfaite, et pourrait, comme le disait Olivier Giroud en conférence de presse en exagérant à peine, comptabiliser aujourd'hui six ou sept passes décisives sans la maladresse de ses équipiers.

Des larmes qui ont failli être contagieuses...
Alors bien sûr, l'ancien de Lille et Marseille ne serait pas le héros national qu'il est déjà quasiment depuis vendredi soir sans son but venu d'une autre planète mais l'ensemble de sa prestation est pourtant à montrer dans toutes les écoles de foot. Bien sûr aussi, son match et son but, absolument fantastiques -on ne le dira jamais trop-, auraient été moins remarqués et salués si la prestation globale des Bleus avait été meilleure et si la victoire avait été plus large. Mais quand même, quel match! 😃 Pas au niveau du jeu ou de la qualité technique, non, pour ça il faudra repasser. Mais pour son scénario, digne de Usual Suspects ou, plus de façon plus pragmatique, des matchs ultra-stressants qu'on a tant connus avec cette équipe pendant les ères Domenech et Blanc! Certes, c'est inquiétant parce qu'en face ce n'est pas l'Allemagne, l'Espagne ou un autre cador, parce que derrière c'est vraiment border-line et parce que c'était poussif un peu partout un peu tout le temps mais c'est très encourageant parce que ce p'tit bonhomme bleu ci-dessus a tout d'un grand et a sorti un match quasi-parfait, parce que Pogba et Griezmann ne resteront pas à ce niveau bien longtemps, parce que la défense ne peut que progresser (encore que...), parce que la pression va retomber (un peu), parce que cette équipe a une énorme dose d'envie et un sacré caractère, ce qui faisait bien défaut depuis, allez, une décennie. Quel bonheur de la voir jouer, même quand techniquement elle est moyennasse, et décidément, l'Équipe de France, c'est quand même un frisson incomparable! En plus d'avoir ainsi confirmé qu'elle avait des ressources mentales et une rage de vaincre typiques des équipes de Deschamps, la France s'est donc trouvée un formidable meneur de jeu, qui sait à peu près tout faire ce qu'elle n'a pas sans lui: coups de pied arrêtés, frappes de loin, alternance jeu long-jeu court, faculté bluffante à temporiser ou à accélérer le jeu... Sans tomber dans l'éternelle comparaison bêta avec l'inégalable Zizou, Payet est une sorte de combinaison géniale entre le Gourcuff d'il y a sept ans environ (insouciant, inarrêtable, à la technique incroyable, très bon tireur de coups de pied arrêtés et formidable frappes de loin, comme en témoigne son très beau but égalisateur dans un match primordial en éliminatoires contre...la Roumanie, tiens, tiens) et le Valbuena des grandes heures bleues (volontaire, déterminé, battant, revenant de -très- loin, exemple pour ses équipers...). Comme l'ont souligné ses partenaires après le match, il ne faut pas trop en faire avec Payet car le soufflet pourrait retomber très vite et cette équipe doit avancer telle que Deschamps l'a construite, notamment en écartant Benzema, Ribéry voire Ben Arfa: comme une équipe, justement, non un amas d'individualités, ce qu'elle a trop souvent été depuis 2006. Et la forme étincelante du Réunionnais doit libérer des espaces pour les autres, de Giroud, très bon et buteur vendredi soir, à Griezmann et Pogba, dans la douleur et à qui il ne faut pas trop en demander sous peine de les voir surjouer; laissons le temps au temps et vous verrez qu'ils sortiront d'immenses matchs dans cette compétition. Bref, s'il y a évidemment foule de choses à revoir et à améliorer, les signaux sont positifs pour nos Bleus, d'autant qu'on a vu avec les matchs de samedi qu'ils n'étaient pas les seuls à entrer dans cet Euro avec le frein à main, du doute plein la tête et bien peu de "Barça style" dans les jambes. Soyons à fond derrière cette équipe, qui est à n'en pas douter capable de grandes oeuvres. On le veut cet Euro !! Allez les Bleus!!! 😃🇫🇷🇫🇷🇫🇷
Jude

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