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Muhammad Ali en images, en mots et en dates, au revoir "The Greatest"

  • Jude
  • 7 juin 2016
  • 4 min de lecture

Cassius Marcellus Clay Jr., dit Muhammad Ali (Mohamed Ali en français) s'est éteint vendredi dernier dans un hôpital en Arizona, à l'âge de 74 ans, vaincu par la maladie de Parkinson, qui le torturait depuis plus de trente ans.

Le monde a perdu avec Ali un boxeur d'exception, qui a marqué de manière indélébile son sport de son pas de danse si beau et efficace à son trash-talking légendaire en dehors du ring en passant par ses combats et adversités historiques contre Joe Frazier ou George Foreman, mais aussi un homme d'exception, très engagé dans le débat sociétal, des droits civiques à l'islam en passant par la guerre du Viet Nam.

Tout a été dit sur la légende ces jours derniers mais nous voulions tout de même rendre au "Greatest", en retraçant sa vie en images, en mots et en dates.

17 janvier 1942: Cassius Marcellus Clay Jr. naît à Louisville, Kentucky.

1954: Cassius Clay commence la boxe.

1960: À seulement 18 ans, il est remporte l'or aux JO de Rome !

1964: Quatre ans après ses débuts en pro, il est champion du monde contre Sonny Liston, sur un abandon suspect.

Par ailleurs, il se marie pour la première fois (quatre en tout) et se convertit à l'islam et abandonne donc son nom de naissance, qu'il juge symbolique de la soumission des Noirs, pour le nom de Muhammad Ali.

25 mai 1965: Lors de la revanche, il terrasse Liston, qu'il exhorte à se relever malgré les coups qui pleuvent, donnant lieu à une mythique photo.

Inspiré par l'un de ses entraîneurs, il sort cette inoubliable punchline: "Float like a butterfly, sting like a bee. Ohhhh. Rumble, young man, humble !" ("Vole comme le papillon, pique comme l'abeille. Et cogne jeune homme, cogne."), qui deviendra son mantra. Une étoile est (vraiment) née.

1967: il refuse de servir au sein de l'armée américaine au Viet Nam. Il dit: "Je n'ai rien contre le Vietcong. Aucun Vietnamien ne m'a jamais traité de négro". Ses convictions lui coûtent cher: Ali est condamné à cinq ans de prison (qu'il ne purgera pas) et trois ans d'interdiction de boxe et traverse, médiatiquement comme économiquement, une période délicate.

8 mars 1971: Quelques mois après son retour sur le ring, Ali subit sa première défaite en pro contre Joe Frazier dans le "match du siècle" au Madison Square Garden.

28 janvier 1974: Revanche! Par décision unanime, il égalise face à Frazier, à qui il voue une haine ouverte, farouche et violente: "Joe est tellement laid que quand il pleure, ses larmes font le tour et passent derrière sa tête", déclare-t-il notamment à propos de celui qui incarne d'après lui "l'Oncle Sam", avec tout ce que ce terme a de sale dans la bouche de cet ami de Malcolm X et défenseur acharné des droits civiques et de la cause des Noirs Américains, qui déclare notamment "Nous avons été en prison durant 400 ans".

30 octobre 1974: Pour le "Rumble in the Jungle" ("Combat dans la Jungle"), c'est son adversaire George Foreman qui est devenu symbole de l'Amérique impérialiste et ségrégationniste et Ali est porté dans Kinshasa au son de "Ali bouma ye" ("Ali, tue-le !") par un pays entièrement acquis à sa cause.

Avant cet immense combat, au moins aussi politique que sportif, "The Greatest" atteint des sommets dans l'art de la punchline et de l'intimidation, quitte à passer par une arrogance assez inouïe: "Vous croyez que le monde a été choqué par la démission de Nixon ? Attendez que je botte le cul de George Foreman. Je vole comme le papillon, pique comme l'abeille. Ses poings ne peuvent pas toucher ce que ses yeux ne voient pas. (…) Je me suis déjà battu contre un alligator, j'ai déjà lutté avec une baleine. J’ai mis les menottes à un éclair, j’ai jeté le tonnerre en prison. Rien que la semaine dernière, j'ai tué un rocher, blessé une pierre, et envoyé une brique à l'hôpital. Je suis tellement méchant que je rends la médecine malade."

Et puis cette petite formule géniale, cerise sur le gâteau d'un discours fantastique qui ferait pâlir Zlatan Ibrahimovic: "Je suis si rapide que la nuit derrière, j'ai éteint la lumière dans ma chambre d'hôtel. J'étais dans mon lit avant que la pièce soit plongée dans l'obscurité."

1er octobre 1975: Lors de la belle, il terrasse son meilleur ennemi Frazier à Manille, Philippines, où il balance au dictateur Marcos: "Vous n'êtes pas aussi bête que vous en avez l'air, j'ai vu votre femme." (!!!) Il a du cran, le môme (qui n'en est plus tout à fait un, à 33 ans, au crépuscule irradiant de sa carrière).

1984: Trois ans après une triste fin de carrière ponctuée de revers lors de combats où il apparaît clairement affaibli, on lui diagnostique la maladie de Parkinson, qui le minait sans doute depuis déjà plusieurs années.

Parkinson lui prend tout: son corps et sa voix.

Face au fléau qui le frappe, il dit: "Dieu m'a donné la maladie de Parkinson pour me montrer que je n'étais qu'un homme comme les autres".

1991: Il va en Irak et y rencontre Saddam Hussein pour négocier la libération d'otages américains.

19 juillet 1996: À Atlanta, il allume, tremblant et fébrile, la flamme olympique des jeux 1996.

L'image est magnifique, déchirante, et le monde assiste ému au terrible déclin de l'icône planétaire.

3 juin 2016: Après des années de douleur physique et morale et de silence forcé (dont il sortira quelques fois, notamment dernièrement pour dénoncer les propos racistes de Donald Trump), la si brillante étoile s'éteint paisiblement à Scottsdale (Arizona), entouré de ses proches.

Icône mondiale ultime, admiré en Occident, adulé dans le Tiers-Monde, boxeur au talent fou (lui-même reconnaît néanmoins ne pas être le plus grand, jugeant Sugar Ray Leonard supérieur) et homme à la vie incroyable, porté et portant ses convictions avec puissance et engagement, Muhammad Ali nous manquera à tous, et c'est décidément le chant du cygne d'une génération solaire, de Bowie à lui en passant par Cruyff.

Mais les étoiles ne meurent jamais et Ali nous laisse notamment une superbe philosophie de vie: "Ne comptez pas les jours, faites que chaque jour compte."

Jude

 
 
 

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