Roland Garros : Bouquet final(es) !
- Jude, Elie
- 5 juin 2016
- 5 min de lecture
Et tout d'un coup il a craqué. Alors que la balle d'Andy Murray finissait sa course dans le filet, Novak Djokovic est tombé à terre, le corps dans cette terre de Roland-Garros qu'il a tant voulu conquérir. Enfin.
Après deux finales perdues face au monstre Nadal mais surtout après sa terrible désillusion de l'an passé quand, après avoir terrassé le Majorquin et vaincu en deux jours ce même Murray, il s'était effondré face à un Stan Wawrinka auteur du match de sa vie, Djokovic remporte enfin Roland-Garros, devenu tournoi de ses rêves et de ses cauchemars.

Novak Djokovic.
Il avait tenté de dédramatiser en annonçant d'emblée que s'il ne gagnait pas cette année, il y aurait l'année prochaine puis l'année d'après et ainsi de suite, en tentant de paraître le plus décontracté possible mais on avait senti sa frustration et sa tension à chaque petit accroc et on avait franchement peur des conséquences d'une nouvelle défaite aux portes du Graal.
Il était monté en puissance, tout au long de la quinzaine, pour atteindre un formidable niveau en demies face au jeune Dominic Thiem auquel il n'avait rien laissé, mais son parcours facile pouvait s'avérer un handicap face à un Murray qui sortait d'un gros duel contre Wawrinka.
Et on pouvait se faire du souci quand, après 48 minutes de jeu, Murray a viré en tête (6-3) au bout d'un set très bien maîtrisé ou Djoko, après un break blanc d'entrée tonitruant, a peu à peu décliné, cédant au faux rythme imprégné par l'Écossais.
Mais on n'est pas numéro 1 mondial pour un, on n'a pas gagné 11 Grands Chelem (12 maintenant, donc) pour rien, on n'est pas Novak Djokovic pour rien.
"Nole" à remonté la pente en courant.
Soudain il a pris le jeu à son compte, attaqué, et massacré physiquement Murray comme celui-ci avait terrassé Gasquet en quarts: les longs échanges du début de match ont pris tout leur sens à voir les jambes lourdes de l'Écossais, qui a aussi payé ses matchs à rallonge des premiers temps (comme a dit très justement son ancienne coach Amélie Mauresmo, "on ne gagne pas un tournoi du Grand Chelem la première semaine, mais on peut l'y perdre"), et le "Djoker" a laissé éclater sa science des espaces pour faire souffrir le martyre à son adversaire, incapable de résister à la pluie d'amortis géniaux et de passing-shots venus de nulle part qui s'est abattue sur lui. Pendant deux heures, Djokovic a été tout simplement injouable, au sommet de son art.
Mais lorsqu'il a servi pour le match à 5-2 au quatrième set, ovationné par le public du Central (parfois assez insupportable par ailleurs) qui scandait "Nole, Nole", et décochant pour la première fois de la finale un sourire, il s'est crispé.
Face à un Murray qui jouait son va-tout et retrouvait ses couleurs du premier set, il a perdu deux jeux d'affilée, pour se retrouver de nouveau en position de servir pour le match, la tension en plus.
Et au bout d'un jeu ultra-stressant où il a alterné points de grande classe et "petit bras" coupable, il a exulté, relâché toute la pression que Roland représentait pour lui, seul tournoi majeur (hormi les JO, qu'il compte bien remporter en août) sur lequel il n'avait pas encore apposé son insatiable griffe.
Sous l'œil ému de son ami Gustavo "Guga" Kuerten, il a dessiné, comme le Brésilien lors de ses deux victoires ici, un cœur sur l'ocre parisien, dans lequel il s'est étendu. Simplement heureux.
Demain matin, Novak Djokovic aura encore accru son indécente avance sur ses poursuivants au classement ATP et se tournera déjà, ogre génial qu'il est, vers la suite, à commencer par Wimbledon.
Ce soir, d'ores et déjà, il est toujours plus dans la légende d'un sport qu'il a marqué, marque et marquera encore à jamais.
Pour les femmes, ça y est c'est fait, Garbine Muguruza s'est imposée en finale de Roland Garros hier face à Serena Williams, au bout de 1h45 de jeu et seulement deux sets : 7-5 6-4.

Garbine Muguruza.
Car la jeune Espagnole, âgée d'à peine 22 ans a tout simplement réalisé le match parfait hier.
On aurait eu du mal à y croire dès le début du match, particulièrement lorsque Serena Williams a remporté un tout premier jeu blanc de service.
Mais tout a basculé lorsque l'Américaine n'a pas réussi à convertir les deux balles de break qu'elle a obtenu au quatrième jeu, long de plus de dix minutes pour ensuite se faire prendre son service au cinquième. Le débreak de Serena Williams au huitième jeu n'y a rien fait car la numéro 1 mondiale a été breakée de nouveau au 11ème jeu et s'est inclinée au premier set 7-5 malgré deux balles qui lui auraient pu permettre de reprendre le service de Muguruza et d'égaliser 6-6.
Le scénario du second set a lui été plus tragique, Serena Williams s'est battue mais n'a pas réussi à se débarrasser du break de l'espagnole, et s'est inclinée 6-4 sur le service de cette dernière après avoir pourtant sauvé brillamment 4 balles de match.
Même si Serena a été combattive, hier, Garbine Muguruza était largement au dessus et à réussi à dominer la triple vainqueure de Roland Garros grâce à un jeu extrêmement agressif poussant l'américaine à la faute lors de courts échanges très puissants.
Ainsi Garbine Muguruza est aujourd'hui numéro 2 au classement WTA et lorgne la place de numéro 1 encore détenue par Serena qui n'a plus que 2000 points d'avance sur elle.
Si la légende du tennis féminin continue de buter en finale des Grand Chelem, et que l'Espagnole arrive à perfectionner son jeu, alors l'ambition de cette dernière pourra bientôt devenir réalité...
L'ultime week-end de Roland aura par ailleurs été tout beau tout bleu.
Chez les hommes, la victoire des frères Lopez sur les Bryan en finale du double a permis à Nicolas Mahut de devenir premier au classement ATP-Double, trois décennies après un dénommé Yannick Noah, qui pourrait bien appeler Mahut et Herbert en Coupe Davis s'ils continuent sur leur fantastique lancée (légèrement brisée ici avec une élimination précoce sous la pluie sur deux jours).

Nicolas Mahut et Pierre-Hughes Herbert.
De plus, Geoffrey Blancaneaux a réalisé l'exploit de remporter le tournoi Juniors, à la surprise générale, en dominant en finale le prodige canadien Félix Auger-Aliassime ! Le dernier français à avoir remporté l'épreuve avant Blancaneaux? Un certain Gaël Monfils...

Geoffrey Blancaneaux.
Magnifique cerise sur le gâteau, la géniale paire Kristina Mladenovic-Caroline Garcia a remporté le double féminin en trois sets face aux Russes Vesnina et Makarova, en trois sets ! Les belles Bleues, super sur et en dehors du court (comme leurs homologues masculins Mahut et Herbert) mettent fin à 45 ans d'attente d'une victoire française en double féminin Porte d'Auteuil et peuvent maintenant se tourner sereinement vers Wimbledon, les JO et la finale de la Fédération Cup !

Caroline Garcia et Kristina Mladenovic.
Alors, entre la victoire de Djoko, l'exploit de Muguruza, Mahut n*1, Mladenovic-Garcia victorieuses et Blancaneaux qui tire son épingle du jeu : let's celebrate !

Commentaires