Monfils, regrets perpéternels

La nouvelle est arrivée comme une balle (jaune), comme un coup de foudre vendredi matin et après l'avoir apprise, j'avoue avoir eu un mal fou à me concentrer sur mon cours d'anglais: Gaël Monfils est forfait pour les Internationaux de France, qui commencent dimanche (et qu'on va essayer de vous faire vivre du mieux possible avec un maximum d'articles)...

Si seulement ça n'arrivait qu'une fois dans une carrière, ou même dans une année...

Si seulement les rendez-vous manqués n'étaient pas devenus la norme avec "La Monf'"...

Si seulement Gaël Monfils avait la carrière qu'il devrait avoir...

On l'aime (ou on l'adore ultra-passionnément, dans mon cas) aussi pour ça, Gaël: c'est un joueur et un homme imprévisible, capable des plus rocambolesques coups de théâtre sur le court comme en dehors dans une époque où le circuit est, de l'avis général, trop policé voire aseptisé.

Alors oui, je ne peux pas le nier, j'adore qu'il soit un showman; qu'il s'engage dans des marathons invraisemblables qui durent jusqu'au bout des nuits chaudes et belles de la première semaine de Roland-Garros, même dans des matchs que n'importe quel autre joueur de son standing plierait aisément; j'adore ses glissades dignes d'une doublure de 007 (un exemple ici: https://www.youtube.com/watch?v=oBycgNX5XLs) et ses plongeons dignes d'un Marsupilami (un exemple là: http://video.eurosport.fr/tennis/open-d-australie-messieurs/2016/video-open-d-australie-l-incroyable-plongeon-superman-de-gael-monfils_vid404972/video.shtml); j'adore ses coups venus tous droits d'une autre planète qui n'appartiennent qu'à lui (ici: https://www.youtube.com/watch?v=9JXEjJ2QLgs ou là: https://www.youtube.com/watch?v=Y2qCtuKzK5I).

Oui j'adore Gaël Monfils pour tout ça et pleins d'autres moments incroyables encore qui me font me lever de ma chaise à chacun ou presque de ses matchs, surtout du côté de la Porte d'Auteuil.

Mais quand on l'adore, quand on sait qu'il est capable de ces coups mais aussi et surtout de jeux, de sets, de matchs absolument incroyables (pour ne citer que quelques exemples: ses deux victoires contre Ferrer à Roland-Garros, sa finale malheureuse contre Nadal lors du dernier Monte-Carlo, ses victoires contre Federer à Bercy et en finale de la Coupe Davis...), on ne peut que regretter qu'il ne maintienne pas un niveau de performance régulier (et même de présence sur les courts puisque sa carrière est jalonnée de pépins physiques et de problèmes privés, qui arrivent qui plus est souvent au pire moment...) qui le propulserait probablement dans le top 5 (top 10 à tout le moins) quand il a jusqu'ici passé l'essentiel de sa carrière aux alentours de la 15ème place (7ème en 2011), ce qui est évidemment plus que respectable mais tellement tellement loin de ce que ses qualités lui promettent inlassablement.

Regretter surtout qu'il n'ait à ce jour toujours pas remporté de Grand Chelem ou de Masters 1000, pas aidé dans cette quête par le fait d'être tombé dans l'époque la plus incroyable de l'histoire du tennis, qui voit s'affronter plusieurs légendes vivantes de ce sport, mais Monfils avait sans doute les moyens de les concurrencer sur la durée en menant mieux sa carrière et n'a surtout, comme d'autres, pas su profiter des faillites rares mais existantes des ténors du circuit pour rafler le gros lot, comme Stanislas Wawrinka par exemple, auquel il n'a rien ou presque à envier.

Si tout n'est évidemment pas fini avec ce forfait, s'il reste bien sûr de nombreuses années et de très nombreux tournois pour Monfils pour rendre sa carrière aussi belle qu'elle devrait l'être, le fait qu'il manque Roland-Garros laisse, et à lui le premier sans aucun doute, un goût très amer.

Parce que cette année, "La Monf'" a changé.

Parce que pour une fois, il avait troqué le show et les coups d'éclats contre le sérieux et la constance et que cela lui réussissait très bien et lui permettait de réaliser un très bon début d'année avec en point d'orgue une finale splendide contre Nadal à Roland-Garros, en conclusion d'une semaine exemplaire où il avait notamment surclassé son compatriote et ami Jo-Wilfried Tsonga.

Parce qu'on se disait que ce nouveau Monfils était capable de réussir enfin à plier ses premier matchs facilement, avec moins de show mais plus de repos, et d'arriver, pour une fois, à fatigue égale face aux grands joueurs contre qui il aurait pu refaire parler le Monfils des grands soirs, spectaculaire, capable de tout sur un match.

Parce qu'on espérait.

Ce ne sera donc pas pour cette année.

En espérant que Gaël Monfils continue ce qu'il a enfin commencé dans l'attitude, sur et en dehors du court, qu'il devienne enfin le joueur qu'il doit être et que dans un an, après douze mois qu'on espère fantastiques et prolifiques, il anime de nouveau, pendant deux semaines entières, un tournoi qui, privé de lui et de la légende Federer, va perdre de la classe et de la saveur, cette année.

Jude

Jude

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