J'ai peur !
- Max
- 25 avr. 2016
- 3 min de lecture

J’ai peur.
Il fait tout noir. Je ne vois rien, je ne sens rien. Je n’entends rien. C’est bizarre. C’est
une première pour moi. Pas un seul moment je n’ai vécu un silence total, dans une obscurité
complète. Non c’est la première fois. D’habitude il y a toujours quelque chose : un mini bruit,
du vent ; ou alors quelque chose de visible, des étoiles ou un réverbère au loin.
Où est ce que je suis ? je commence à avoir peur, je commence à me sentir mal,
oppressé. Je n’ai pas de repère dans ce lieu. Et puis, des questions commencent à
s’entrechoquer dans ma tête.
Où suis-je ? Ce sentiment d’inconnu me paralyse. J’essaye de bouger, mais je n’y
arrive pas. Ce sentiment de ne pouvoir rien faire, de ne pas pouvoir bouger, me tue ! Je me
sens frustré ! Ma respiration s’accélère : je le sens, mais je ne l’entends pas. Des larmes
d’angoisse commencent à me tomber sur le visage : je les sens, ces larmes chaudes qui glissent
doucement, mais je n’entends toujours rien.
Baddam, baddam
Tiens ! J’entends un bruit assourdi au loin.
Baddam baddam
Ça se rapproche. Mes larmes se stoppent. Mes pensées désespérées se stoppent. Je me
focalise sur ce son.
Baddam baddam
On dirait des tambours, avec un rythme régulier. C’est la base de la musique d’une
fanfare. La base de pas militaire.
Baddam baddam
Cet instrument rythmique se transforme en métronome. Sa régularité me plonge dans
une profonde réflexion : Qu’est-ce que c’est ?
Baddam baddam
Ca y est ! J’y suis ! J’entends ce cœur qui raisonne sur les parois de mon cerveau. Ce
cœur si vivant, si brut. Il raisonne clairement, pleinement dans ce lieu. C’est le premier son
qui brise le silence de cette salle.
Baddam baddam
Ce cœur qui battait vite a déjà ralenti. Mon cœur devient le compte à rebours de ma
mort.
Baddam baddam
Cette mort qui approche à grand pas ! Mais moi, je ne suis pas prêt pour mourir. Je ne
veux pas mourir. Personne ne veut mourir, peu importe l’âge qu’il a.
Baddam baddam
Je sais que je n’échapperai pas à cette mort ! Mais pas tout de suite, je veux vivre
encore, je veux encore vieillir. Voir les choses changer. Voir mes enfants, mes petits-enfants.
Voir ce monde évoluer. Je veux voir les années défiler. Je veux encore vivre putain.
Baddam baddam
J’aime lire Montaigne ! J’aime lire tous ces auteurs rationnels qui nous balancent de
belles paroles. « Il faut accepter sa mort ». Mais putain, c’est humain d’avoir peur ! J’ai peur !
J’ai peur ! Qu’est-ce qui m’attend après ? Rien, du noir, du silence ? J’ai peur de cet inconnu.
J’aime ce que je connais ! Mes amis ! Mes enfants ! Mes parents ! Ma musique ! Mes films !
Baddam baddam
Accepter sa propre mort c’est du masochisme ! C’est aimer une certaine adrénaline ! Avoir
peur perpétuellement ! Mais moi, je suis paresseux et froussard.
Baddam baddam
Je suis capable d’accepter toute la misère du monde pour revoir la lumière. Ré-
entendre le bruit de la rue. Les piétons qui s’engueulent, les bruits des camions de pompier, les
cris des enfants ! Oui, je n’en veux pas de ce repos éternel que l’on me propose.
Baddam baddam
On râle tout le temps, on râle de cette vie qui n’est pas parfaite ! Mais qu’est-ce qu’on
est pas prêt à la perdre ! J’aime cette vie !
Baddam baddam
Mais à quoi bon ? A quoi bon se faire souffrir ? De cette vie qui me retient. Je pars
non ?
Baddam baddam
Mon cœur est lent à présent ! Je n’en ai plus pour longtemps.
Baddam baddam
Quel con ! C’est pas le moment d’avoir une chanson dans la tête ! Cet air de princesse
qui, comme moi, est en train de crever ! Ravel m’aura suivit jusqu’au bout ! A l’aide ! A
l’aide ! Le Sommeil et le Nuit veulent me reprendre ! A l’aide ! Toi aussi princesse tu t’es
battue jusqu’au bout !
Baddam baddam
Je n’arrive plus à réfléchir. Je transpire. Mes habits me collent à la peau ! Je n’arrive
plus à respirer. J’étouffe !
Baddam baddam
J’ai peur ! Je veux pas partir !
Baddam baddam
J’ai peur ! J’ai peur !
Baddam baddam
J'ai peur !
Max

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