Paris verra (encore) les quarts
- Jude
- 10 mars 2016
- 6 min de lecture

Je vais être honnête tout de suite: je n'aime pas le Paris Saint-Germain. Non, je n'aime pas du tout le Paris Saint-Germain. En fait, je déteste le Paris Saint-Germain.
Ce pour des raisons diverses et variées, personnelles (c'est le club de coeur de mon père et j'ai donc voulu instaurer une "rivalité sportive"; nombre de mes amis en sont aussi supporters -assez souvent depuis 2011 et la reprise en main du club par les actionnaires Qataris, allez savoir pourquoi...- et cela a exacerbé mon envie de "rivalité") ou plus générales (c'est historiquement le club du kop facho de Boulogne, et même si la possière hooligan a été mise sous le tapis depuis plusieurs années via le "plan Leproux, du nom du président du club à l'époque, les jets de banane, les cris de singe et le lieu de haine qu'atait devenu le Parc des Princes ne s'oublient pas si facilement...; c'est le grand club de Nicolas Sarkozy, personnage qui vous l'avez compris/le comprenez/le comprendrez m'est très cher et a tout fait -mais alors tout- pour que le club soit racheté par les Qataris et que ces derniers deviennent ces grands amis, ce qui est aujourd'hui largement le cas; je n'aime pas les Qataris, justement: non ce n'est pas "juste du sport", non on ne peut pas supporter sans réfléchir un club qui doit toute sa richesse donc ses stars donc sa force et son rayonnement actuels à un pays qui ne fait aucun cas des Droits de l'Homme, pays dont il est la caution de respectabilité et le porte-drapeau de par le monde; je trouve insupportable cette tendance intemporelle à aimer massivement le plus riche, le plus fort, à changer de chemise: être un vrai supporter, c'est parfois triompher avec elle mais aussi la soutenir lors des moments difficiles, et je me permets de douter du fait que ne serait-ce que la moitié des "supporters" actuels du PSG l'étaient en mai 2007 lorsque le club se maintenait en Ligue 1 à la toute dernière journée en gagnant à Sochaux et qu'ils le seront encore lorsque le Qatar mettra la clé sous la porte, ce qui arrivera fatalement, laissant probablement le club criblé de dettes et entraînant un exode massif de ses stars et une dérive sportive et financière...).
Mais c'est aussi parce que je déteste tant le club parisien que je suis conscient de sa force actuelle et que je peux me permettre d'en parler, forcément subjectif (un vrai fan de foot -voire de sport en général- l'est toujours un peu) mais en m'appliquant à l'être le moins possible et en l'étant de toute manière moins qu'un supporter -de la première heure ou de la dernière pluie- du PSG.
Et ce que fait Paris aujourd'hui, c'est fort.
Qualifié pour la quatrième année consécutive de quarts de finale de La Ligue des Champions (LDC), le club de la capitale (ou plutôt des capitales, Paris et Doha...? bon allez j'arrête! :-D) a de quoi impressionner.
La présence, encore une fois, à ce niveau là de la compétition, est en-elle même imposante.
Paris établit ainsi un record national en la matière et, même aussi armé financièrement, il fallait le faire: le club anglais de Manchester City, lui aussi racheté par de richissimmes investisseurs -émirati- il y a quelques années, va (très probablement, après avoir remporté le match aller 3-1 à l'extérieur dans la double confrontation qui l'oppose au Dynamo Kiev, club ukrainien) accéder seulement pour la première fois aux quarts.
Si l'objectif des joueurs et dirigeants est évidemment d'aller plus loin et de briser enfin la barrière des quarts, sur laquelle le club s'est cassé les dents les trois dernières années (face au grand FC Barcelone en 2013 et 2015 et contre Chelsea, battu par les Parisiens hier et l'an dernier en huitièmes également, en 2014), la qualification du PSG est la preuve d'une grande constance, devenue marque de fabrique du club, non seulement dans les résultats sportifs (quatrième fois en quarts de LDC donc, victoires successives au niveau national) mais aussi en matière de recrutement, où Paris, après avoir énormément acheté durant les premiers étés du règne de Qatar Sports Investments (QSI), s'est nettement assagi, contraint par le fair-play financier imposé par l'UEFA (confédération européenne, qui régit les compétitions contientales) mais mû aussi par une volonté de ne pas entasser bêtement les joueurs, comme l'ont longtemps fait Chelsea et Manchester City pour des réultats décevants, et donc de renforcer de façon ciblée son effectif, ce qui donne une équipe aujourd'hui homogène et bien rôdée à défaut d'être une machine de guerre collective comme l'est par exemple l'Atletico Madrid, qui compte nettement moins de stars mais dont chaque joueur est habité par la rage et l'esprit combattif voire guerrier insufflés par leur entraîneur Diego Simeone.
Cette constance est la grande force du PSG, lui permettant de progresser plus vite que City ou que Chelsea à la reprise en main du club de Londres par le milliardaire russe Roman Abramovitch, de régner sans partage (en tout cas cette année) sur le football français, de gagner en crédibilité dans le monde du ballon rond et ainsi d'attirer mais aussi de conserver de très bons voire de grands joueurs (même si le club attend toujours son attaquant de classe encore supérieure, alors que Zlatan Ibrahimovic se fait vieux et est trop rarement décisif lors des grandes soirées européennes malgré son très bon match hier, marqué par un but et une passe décisve; alors que le Barça a son trio Lionel Messi-Luis Suarez-Neymar, que le Real a Cristiano Ronaldo voire Gareth Bale si celui-ci revient au niveau qui est potentiellement le sien et que le Bayern Munich a Robert Lewandowski, Arjen Robben et Thomas Muller) et de ne pas trop s'affoler comme hier au plus fort du forcing des Blues pour prendre les devants, à un but partout, alors que les Parisiens perdaient beaucoup trop de ballons, que les attaquants de Chelsea, même pleins de déchets, faisaient mal, à commencer par Diego Costa et Willian, et que le but de Kevin Trapp, auteur d'une double parade plus que décisive, semblait en état de siège, avant le but d'Ibrahimovic, qui a brutalement mis fin au suspense, Chelsea devant alors marquer trois buts au moins en une petite demi-heure pour se qualifier.
Mais cette constance est peut-être aussi la faiblesse des Parisiens, trop souvent mous et désinvoltes en Championnat et donc pas assez bien préparés aux grands rendez-vous du milieu de semaine, lors desquels ils peinent souvent à mettre vraiment le feu, en tout cas face aux adversaires qui leur sont supérieurs (l'exemple ultime étant la double confrontation face au Barça l'an dernier, sèchement mais logiquement perdue - 3-1; 2-0 -), et trop habitués à rater sans conséquence des occasions en Ligue 1, ce qui ne pardonne pas en LDC (exemple ultime: match de polues à Santiago Bernabeu face au Real Madrid, cette année, au cours duquel les Parisiens ont énormément fait souffir un bien pâle Real, sans jamais convertir leurs très nombreux ballons de but pour finalement s'incliner 1-0 contre le cours du jeu)
Ces vilains défauts, auquelles on peut ajouter d'autres manques (Trapp, malgré ses arrêts décisifs d'hier ne paraît pas être le goal en mesure de faire gagner la "Coupe aux grandes oreilles" au PSG, il manque donc un très grand attaquant à moins que Zlatan n'ait vaincu sa malédiction européenne...), sont un grand frein à de plus grandes ambitions sur la scène continentale mais Paris dispose néanmoins d'une équipe parfois impressionnante, qui repose sur un des tous meilleurs milieux d'Europe avec la triplette Thaigo Motta-Blaise Matuidi-Marco Verratti (les deux premiers n'étant clairement pas à leur meilleur niveau et le troisième étant blessé ça ne s'est vraiment pas vu hier mais cet entrejeu est extrêmement complet et dangereux, de la vision du jeu de Motta à la technique ahurissante de Verratti en passant par les qualités hors-normes en matière de récupération -de son souffle et de la balle- de Matuidi), et dotée d'une défense quand même bien solide menée par le roc retrouvé Thiago Silva et d'une attaque vraiment dangereuse malgré son inefficacité, inefficacité laissée aux vestiaires hier soir, pour une fois.
Avant le tirage au sort des quarts, auxquels prendront part, outre Paris, le Benfica Lisbonne, le Real et Wolfsburg (qualifiés respectivement face au Zenith Saint-Pétersbourg, la Roma La Gantoise), rejoints très certainement par le Barça et City (respectivement vainqueurs de leurs matchs aller à l'extérieur contre Arsenal et Kiev 2-0 et donc 3-1) et les gagnants des confrontations nettement plus indécises Bayern-Juventus Turin (2-2 à l'aller en Italie) et Atletico-PSV Eindhoven (0-0) (avec un avantage sur le papier pour les Allemands et les Espgnols, favoris avant les rencontres et qui reçoivent au retour), il est très diifcile de pronostiquer quoi que ce soit car le sort du PSG dans la compétition dépendra à plus ou moins court terme en grande partie des boules qui sortiront des chapeaux. L'avenir européen du PSG prendra en effet un tour tout à fait différent selon que l'adversaire soit le Barça (quasi-impossible à battre), le Bayern ou le Real (contre qui ce serait plus envisageable mais tout de même très compliqué) ou alors Wolfsburg ou Benfica, face auxquels Paris partirait largement favori.
En attendant de savoir ce qui l'attend au tour suivant, Paris peut se satisfaire d'une belle qualification, même mois aisée qu'il n'y paraît (2-1; 2-1) et, si les progrès à faire sont importants pour pouvoir jouer dans la cour des grands, a de quoi impressionner, et, comme à chaque moi de mars depuis quatre ans, faire rêver ses fans -de tous âges et tous degrés de sincérité dans l'amour porté à leur club- et faire trembler ceux qui comme moi le détestent (il fallait bien le redire :-p).
En attendant le printemps...
Jude

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