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La grande déception

  • Jude
  • 5 janv. 2016
  • 5 min de lecture

Oui, je sais, c'est un peu tard pour écrire sur Star Wars: The Force Awakens. Tout a déjà été dit, des millions de personnes ont défilé dans les salles obscures du monde entier et se sont fait leur avis propre sur ce film tant attendu, tant médiatisé, dans un mélange d'espoir et de crainte, espoir de voir un grand film, crainte d'être déçus.

Pour me replonger à fond dans l'ambiance Star Wars et faire grossir encore un peu plus cette boule au ventre, j'avais fait, quelques jours avant d'aller voir le 7, une "nuit Star Wars" au cours de laquelle j'ai revu la Menace Fantôme, Un nouvel espoir, L'Empire contre-attaque et la moitié du Retour du Jedi (avant d'être soudainement emporté par un sommeil dans lequel je me suis vu en Jedi, comme à cinq ans). J'étais donc dans un état d'excitation très élevé au moment d'entrer dans cette immense salle et cette excitation enfantine a atteint son climax avec le générique et l'explosion d'émotions que provoque toujours chez moi l'apparition de ces lettres dorées: STAR WARS. J'ai bondi de mon fauteuil et j'étais prêt, j'étais heureux d'être là, heureux de retourner dans ces galaxies lointaines, très lointaines.

Deux heures et quart plus tard (et, je n'aurais jamais pensé dire ça d'un Star Wars, c'est assez long...), j'étais nettement moins heureux. Quelques jours plus tard, je l'étais encore moins. Ce film encensé par le public et surtout la critique, ce film que certains journaux ont qualifié de "meilleur Star Wars", m'a énormément déçu.

Tout n'est pas à jeter dans Star Wars 7. Les clins d'œil aux films précédents sont très nombreux et m'ont arraché plein de sourires et de battements de cœur accélérés. Revoir tous ces personnages, entendre cette bande-originale si émouvante, retrouver ces planètes et ces vaisseaux jamais oubliés, c'est génial, tout simplement. Génial aussi d'avoir promus héros de Star Wars un Noir et une Femme. Ce n'est pas particulièrement inventif mais ça fait du bien. Ces nouveaux héros sont en plus assez sympas, rafraîchissants et Rey a un vrai caractère.

Pour le reste... Quoiqu'on en dise, le scénario est très largement inspiré de celui de Star Wars, l'original (Un nouvel espoir) et en est une bien pâle copie.

Quand les premiers Star Wars prennent du temps à se mettre en place et reposent sur une maîtrise absolument incroyable de chaque plan, ce Star Wars là va toujours plus vite que la musique et de ce fait ne dresse aucune hiérarchie entre les séquences, ne permet aucune montée en puissance de l'histoire (bien au contraire, ce que le film a de meilleur étant le début).

Les combats au sabre laser sont d'une pauvreté assez hallucinante, à des années lumières des sublimes combats Luke/Vador ou de la (quasi) totalité des combats de La Revanche des Sith. Kay et Kylo Ren ne sont pas Anakin, Obi Wan, Mace Windu ou Luke, très loin s'en faut.

Des séquences de pilotage ne se dégage jamais le sentiment d'urgence et l'aspect dramatique de celles des premiers films. Oscar Isaac, tout très bon acteur qu'il est, n'est pas Harrison Ford, très loin s'en faut.

D'une manière générale, l'ensemble de l'histoire est très Disney, avec une vision complètement binaire des choses et une assez terrible absence de subtilité dans la construction des personnages et de l'intrigue. Tout est téléphoné... Non, Star Wars n'a jamais été Usual Suspects en termes de retournements de situation mais il y avait d'immenses enjeux et d'immenses surprises.

Plus marquant et plus terrible encore, faute de goût ultime selon moi: le côté obscur de la Force. Non content de revenir exactement sous la même forme que dans Un nouvel espoir alors qu'il était quand même très salement amoché, pour ne pas dire complètement détruit, à la fin du Retour du Jedi (allez savoir comment, les régimes totalitaires poussent chez Disney comme des fleurs mais sans doute est-ce un puissant message politique...), il est complètement ridicule! De Kylo Ren (qu'est-ce que c'est que ce nom ?), qui n'arrive déjà pas à la moitié de la cheville de Dark Vador en armure et qui quand il retire son casque dévoile un charisme de baignoire suisse-allemande et perd toute crédibilité (mais le garçon va plus loin et s'incline face à une débutante au sabre laser...), à Snoke (qu'est ce que c'est que ce nom?), mélange difforme entre Voldemort et Gandalf bien moins effrayant que l'Empereur, en passant par l'espèce de néo-nazi qui beugle devant les rangs serrés de Stormtrooper qui saluent à la fin de son discours (ça va, on avait compris que ce régime était un cousin -lointain, très lointain- du Reich dans l'esprit des producteurs...), le côté obscur prend l'eau de toutes parts et il faut que quelqu'un leur dise d'arrêter avec les Étoiles de la mort, un jour ou l'autre, sans quoi on aura droit à la destruction de la 143ème du nom en 2237...

Quant à J.J. Abrams, il fait ce qu'on lui demande mais n'a aucun éclair de génie et est à des galaxies lointaines, mais alors très lointaines, de virtuosité dans la réalisation de Lucas dans Un nouvel espoir ou d'Irvin Kershner dans L'Empire contre-attaque. Au final, il est comme ses héros, trop petit pour ce qui l'attend, ébloui par ses glorieux anciens dont il a entendu les légendes et sait réciter parfaitement les exploits sans les connaître et les comprendre vraiment.

Oui, The Force Awakens est le parfait petit guide des références de Star Wars, un film auquel on ne peut en apparence rien reprocher mais ce jeune premier un peu fayot qui connait sa leçon sur le bout des doigts ne m'a procuré aucune émotion.

Selon George Lucas lui-même, Star Wars 7 aurait dû être centré sur l'humain et le politique plutôt que de se lancer dans un remake du premier opus, et je ne peux que le rejoindre sur ce point.

Oui, c'est dur, très dur de faire une suite à Star Wars mais si c'était pour faire ça, peut- être aurait-il mieux valu laisser le monstre sacré là où il était. Sans doute même.

Car Star Wars est un tout, un ensemble et on peut dire tout ce qu'on veut sur la prélogie (enfin, sur les deux premiers) mais elle a clairement pour objectif de renforcer son aînée, de donner une dimension émotionnelle à Star Wars et on aime ou on aime pas, elle y arrive: Vador serait moins Vador sans Anakin et le monde sombre et terrifiant des premiers Star Wars le serait moins sans l'éclat qu'il possédait avant l'avènement de l'Empire. Les 6 premiers Star Wars, aussi mauvais par aspects que puissent être La Menace Fantôme et L'Attaque des Clones, se complètent et se renforcent mutuellement.

Le 7 crée une rupture et va d'après moi à l'encontre du travail de Lucas dans la prélogie: en créant de nouvelles aventures portées par de nouveaux héros, Disney relativise finalement l'importance qu'auront eu les vrais héros de Star Wars (Luke, Solo, Leïa) dans la victoire du bien et l'instauration de la paix puisque la vraie victoire sera vraisemblablement avant tout l'œuvre de la nouvelle génération, voire de celle d'après...

Bien sûr, ce n'est qu'un début, on ne répètera jamais assez que Star Wars est un tout et peut-être que dans quelques années, après un 8 et un 9 somptueux, je devrais reconnaître que le 7 était une très bonne introduction. J'en serais ravi, sincèrement. Je veux croire et espérer que Disney saura relever la barre, ne pas foncer dans le piège du remake filé et que les scénaristes sauront nous surprendre et nous éblouir. Que le Force soit avec eux.

En attendant, puisqu'il faut bien juger le 7 en soi, ça a été pour moi une grande, très grande déception.

Jude

 
 
 

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