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Diva s'en va

  • Jude
  • 31 janv. 2016
  • 2 min de lecture

"Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir".

Rebelle et habile avec les mots, Christiane Taubira a quitté le gouvernement, mercredi dernier.

Lassée par les attaques aussi basses et dégoûtantes que répétées de la part de la droite et l'extrême-droite, peut-être; poussée dehors par son propre camp, pour qui elle était devenue encombrante par son insoumission, certainement; ne se sentant plus à sa place dans ce gouvernment et n'ayant aucune envie de présenter la loi sur la déchéance de nationalité, aussi fameuse que stupide et dangereuse, sans aucun doute.

Diva, car elle était une "femme au comportement hystérique qui fatigue son entourage par ses exigences répétées", diront ses détracteurs. Oui, c'est vrai, Taubira n'a jamais eu la langue dans sa poche, jamais été un mouton ou simplement un personnage discret qui préfère rester dans l'ombre, comme le sont la plupart des autres ministres. Oui, c'est également vrai, elle a souvent contesté les décisions de l'éxecutif, notamment sur la loi qu'elle devait présenter devant le Parlement. Mais on a tant vu Sarkozy étouffer ses ministres et prendre plus ou moins seul toutes les décisions que c'était très agréable d'avoir une forte personnalité dans ce gouvernement, une personne dotée de charisme qui ose dire haut et fort ce qu'elle pensait. Le désaccord est l'essence même du débat et le débat est indispensable à la démocratie.

Diva, car elle était et demeure une "cantatrice de talent", une étoile lumineuse, une magnifique oratrice. A l'heure où on l'on pleure la pauvreté des discours de nos politiques, sa parole était flamme, son verbe auguisé comme la plus fine lame, entre envolées lyriques, réparties cinglantes et citations poétiques.

C'est elle qui a mouché un a un tous les individus que la politique française a de pire à offrir, elle qui a tenu bon par le discours face aux attaques ignominieuses qui l'ont harcelée comme Blum plusieurs décennies avant elle, elle qui connait les poètes, les écrivains et les proverbes, elle qui a toujours choisi l'intelligence, dans l'humour comme dans la harangue flamboyante, elle enfin qui a porté à bout de bras ce qu'on retiendra de ce gouvernment, le mariage pour tous. Et je vous invite très chaudement à consulter le lien ci-dessous dans lequel vous retrouverez ses meilleurs discours à l'Assemblée, chacun est une perle rare.

http://www.lesinrocks.com/2016/01/27/actualite/les-meilleurs-discours-de-christiane-taubira-a-lassemblee-nationale-11801111/

Non, son bilan à la Justice n'est pas parfait mais il n'est pas du tout aussi catastrophique que veulent le faire croire certains (voir ce lien pour preuve: http://www.liberation.fr/desintox/2016/01/27/taubira-et-le-laxisme-quatre-ans-d-intox-de-la-droite_1429290) et non, elle n'aura pas réussi à imposer sa vision des choses au gouvernement mais elle aura essayé jusqu'au bout, partant parce que de toute évidence ce qui se préparait était au-dessus de ses forces et non par calcul quelconque, sachant qu'elle laisse probablement derrière elle la vie politique. N'en déplaise à Eric Ciotti ou à Valeurs actuelles, Christiane Taubira est au-dessus de ça, très loin au dessus d'eux.

La grande dame laisse donc derrière elle son aura, ses sourires, sa bonne humeur et ses discours magiques.

Taubira s'en va, en vélo s'il vous plaît.

Diva s'en va et emporte avec elle les dernières gouttes d'espoir inconscient d'un printemps 2012.

Jude

 
 
 

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