Noël

C'était noël. C'est l'hiver, le mois de décembre, les vacances, la fin de l'année, les journées qui raccourcissent.

C'était noël, le sapin, la bûche, le feux de cheminée, les gros chaussons et les bougies qui brûlent, les bains chauds, la neige et les gants, les décorations qui illuminent la rue et les vitrines des commerçants.

C'était noël, l'odeur du pin, des croissants, les sourires des passants, les bons films à la télé, les cadeaux mal planqués, la frénésie des messages entre amis.

Non.

C'est noël, noël qu'on a pas vu arriver, qui nous a fait "bouh" dans le dos et qui nous a fait sursauter, c'est noël et pourtant il fait chaud comme au printemps, c'est la démonstration terrifiante du réchauffement climatique, c'est le temps un peu suspendu depuis le 13 novembre, au hasard. C'est noël mais ce n'est pas vraiment les vacances, parce qu'il n'y a pas les touristes ni la neige. Parce qu'il n'y a pas la décontraction habituelle des dernières vacances de l'année. Parce qu'on a tous la pression, parce qu'on stress tous, parce qu'on a tous tellement d'espoir en 2016 que le reste n'a plus aucune importance.

C'est noël, le prix du sapin qui a encore augmenté, la galère interminable pour le porter dans les escaliers, les décorations qui se cassent la gueule, les guirlandes lumineuses qui font la grève, les granolas en dessert parce qu'on a plus confiance en Picard, les douches matins et soir parce qu'il fait chaud, bordel, l'air pollué qui nous agresse dès qu'on fout le nez dehors, et tous ceux qui essaient de faire croire qu'avec trois guirlandes et un autocollant père noël ils vont effacer tout ce qui rend Paris un peu triste en ce 24 décembre. Je leur suis pourtant tellement reconnaissante d'essayer ! C'est noël, c'est les guirlandes habituelles et les sapins sur-décorés qui font un peu faux, un peu ridicules, qui ne servent à rien au point où on en est.

C'est noël, les films de beauf le 24 au soir, le DVD qu'on a encore paumé, les cadeaux mal emballés, le manque d'inspiration et le tiers-monde qui s'est donné rendez-vous Rue de Rivoli pile quand vous y allez, les transports archi-bondés, la vingtaine de minute d'attente avant le prochain bus, les gens qui vous bousculent, les potes qui ne répondent plus aux SMS, à croire qu'ils ont réussi à quitter Paris.

Non plus.

Bon, on avoue que c'est un peu des deux. Et puis encore bon, peu importe le point de vue, c'était noël. Et cette soirée ne sera jamais qu'une question d'humeur : soit vous choisissez la facilité et vous faites la gueule toute la soirée, soit vous faites abstraction de toutes vos galères et vous profitez.

Personnellement, j'ai fait un effort, j'ai décidé d'être optimiste, parce que déjà, c'était noël !

Ella

Ella

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