25 Novembre : Journée Internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

Un regard à droite, un coup d’œil à gauche… personne ! Je me risque sur le trottoir, avance à petits pas. Ces pas se font de plus en plus rapides, pressés, rapprochés. On n’entend que le bruit de mes talons qui cliquettent dans la nuit. La rue est déserte ; quelque part ça me rassure, pas d’embrouille cette fois, pas d’insulte ni de coups. Mais personne non plus pour me secourir. Puis le bruit d’une voiture se fait entendre derrière moi, elle se gare, la portière claque et quelqu’un descend. Avec l’habitude, j’ai compris qu’il ne fallait pas trainer ni regarder derrière soi. J’avance plus vite. Je me décolle du mur, mais pas trop proche des voitures non plus. Je cherche une échappatoire, une boutique encore ouverte ou une rue plus grande et mieux éclairée, mais rien. Il me faut donc continuer tout droit, avec cet homme qui marche dans mon dos. Oppressée. Je me sens observée et oppressée, à l’étroit dans les pensées de cet homme et son regard lourd commence à peser sur mes épaules. Mais pas seulement : je le sens, je le sais, il regarde ma nuque, mes hanches, mes fesses ! Il y a quelques temps, je n’aurai même pas imaginé qu’il me reluquait. Il y a quelques temps, j’étais une enfant. Alors si devenir une femme c’est ça, c’est réaliser qu’on ne peut s’habiller comme on veut, qu’on ne peut marcher dans la nuit seule, si être une femme c’est ça, alors unissons-nous toutes, pour que cela change ! Nous nous sommes battues pour l’égalité, pour le jean, pour les cheveux courts et le topless à la plage, on a gagné ce combat, mais il faut qu’il percute les mentalités, que les hommes portent donc des jupes ! Car oui, si j’ai peur de marcher seule dans la rue, ce n’est pas parce que j’ai commis une faute, non, bien loin de là. Si j’ai peur, c’est parce que je ne veux pas que ce qui s’est passé se reproduise. Car oui, ça dérange, je suis une femme, et je porte une jupe.

Angèle

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