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Vendredi 13 Novembre 2015, Paris

  • Jules
  • 15 nov. 2015
  • 2 min de lecture

Le générique de fin débute.

Le héros tue ses ennemis d’une façon déjantée sous un style dessin animé. Il utilise tout ce qui lui tombe sous la main, pelle, cuillère, couteau.

Les balles fusent. Le sang gicle. Je ris.

Fin du film.

Il est tard, presque minuit. Mes paupières sont lourdes et mon lit douillet m’appelle. Mon frère aussi est fatigué. Il jette un coup d’œil rapide à son fil d’actualité sur les réseaux sociaux. Quelque chose l’intrigue. Il me montre.

Une vidéo amateur montre un défilé d’ambulances et de voitures de police. Des coups de feu retentissent. Ça semble important.

Je demande à mon frère de remettre la télé pour voir les chaînes d’info.

Terreur à Paris.

Attentats, terroristes, kalachnikovs, victimes, bilan. Le scénario se répète.

Je lis les informations qui défilent, sourd aux discours des médias. Attaque kamikaze au Stade de France. J’avais regardé le début du match.

Fusillade au Bataclan, prise d’otages, 11ème, Charlie Hebdo, terroristes, Paris, tout se bouscule dans mon esprit.

Puis un mot me vient.

Maman.

Elle est sortie ce soir. Une comédie musicale. Mais où?

Je demande à mon frère. Il me répond Versailles.

Pas d’attentat signalé là-bas. Mais il est tard, le spectacle est sûrement terminé, et elle va rentrer. Elle doit être sur le chemin.

Après le spectacle, elle a dû rallumer son téléphone, être au courant du désastre.

Je déverrouille mon portable. Pas d’appel, pas de message. Mon frère, rien non plus.

Ce n’est pas dans ses habitudes.

Les informations continuent à défiler. Sept attentats. Le bilan s’alourdit.

Je m’inquiète.

Je décide de l’appeler. Rien.

La pièce s’est refroidie. J’ai dû mal à contrôler de petits spasmes. Mes jambes s’affolent. Je tremble. Je tâte le radiateur. La pièce ne s’est pas refroidie.

Je pense au pire. À ce qui s’est déjà produit et à ce qui va se produire.

Je pense aux victimes et aux familles amputées. En deviendrais-je une ?

Les tremblements s’arrêtent. Je me trouve stupide. Tout va bien, elle va rentrer, je suis rassuré. Mon frère me fait une blague. Je ris. Mais c’est un rire nerveux. Mon regard est à nouveau tourné vers les images du massacre. Les tremblements reprennent.

Que fait-elle ?

La fatigue est partie.

Une multitude de scénarios affluent dans mon cerveau. Lequel est le bon?

Je repense au film. J’arrête d’y penser.

Vendredi 13. J’en riais le matin-même. Je ne trouve plus cela si drôle.

J’essaye de me détendre. Rien n’y fait.

Le visage de mon frère est crispé lui aussi. Pourquoi nous? Mais pourquoi eux, pensais-je en voyant les images tourner en boucle sur l’écran. Tout est possible. Tout se mélange.

La sonnerie retentit.

Elle m’a surpris mais je réagis en un quart de seconde.

Devant la porte. Je jette un coup d’œil au judas. J’ouvre la porte.

Elle est là.

Quand d’autres ne sont plus.

Jules.

 
 
 

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