Fatima, poème urbain ou manifeste politique ?
- Louise
- 26 oct. 2015
- 2 min de lecture

Fatima c’est le formidable portrait d’une femme qui lutte dans la France d’aujourd’hui, c’est l’image d’une force de la nature qui se bat pour ses enfants, et plus que tout Fatima c’est une mère face à la brutalité du monde.
Fatima (magnifique Sorial Zeroual), la quarantaine, d’origine algérienne, est divorcée et habite en banlieue lyonnaise avec ses deux filles. Dès les premières scènes le réalisateur pose les contours d’un décalage culturel entre ces deux générations qui est à l’image du film, en effet l’ainée entre en fac de médecine tandis que la plus jeune est honteuse de cette mère qui se tue à la tâche, ne parle pas bien le français et ne lui promet aucun avenir. Philippe Faucon a l’art et la manière de montrer les conflits d’une famille en toute simplicité et pudeur, de plus le film illustre parfaitement la rupture progressive de ces trois femmes avec leurs origines, que ce soit à travers des études supérieures, une rébellion adolescente ou grâce à l’écriture.
En effet, malgré la difficulté à comprendre ses filles qui évoluent dans la société française, très loin de ses traditions et de sa religion, Fatima enchaîne les ménages pour joindre les deux bouts et ne plus être la honte de ses enfants elle parvient même à garder la tête haute en se réfugiant dans la rédaction de son « journal intime ». De plus le scénario se focalise sur l’évolution des trois figures féminines du film sans s’encombrer et toujours avec un rythme précis et tranquille qui porte les actrices au-devant de la scène. Ainsi le cadre est une prison qui se focalise sur la puissance de la gestuelle et la simplicité des dialogues, tandis que le torrent d’émotions est contenu tant bien que mal.
Le réalisateur parvient donc à sublimer le personnage calme et effacé de Fatima en véritable écrivaine, ses textes sont puissants, profonds et témoignent d’une vie de sacrifices. L’affiche du film semble elle aussi refléter la volonté de fer de cette femme: calme et déterminée elle est la figure même d’une lutte acharnée contre les conformismes. Un conseil : courez dans les salles obscures!
(Fatima de Philippe Faucon, en salles depuis le 7 octobre)
Louise
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