La chronique de ToTo et Thiaty, épisode 1 : Critiquons les critiques
- Thomas et Thiaty
- 22 oct. 2015
- 4 min de lecture

Pourquoi les Français ont-ils, en général, une moins bonne culture foot que leurs voisins européens? En France, généralement, les émissions sportives axées sur le football n'en parlent pas réellement.
Elles font semblant d'en parler ou plutôt évoquent "l'actualité chaude du jour", ce qui fait le buzz et provoque des réactions.
Pour ce qui est du football, du vrai, celui qui se passe sur le terrain, on ne voit quasiment que de l'analyse de l'instant, du vide.
1- LA PRESSE SPORTIVE
La vente de journaux est aujourd'hui la priorité, temps de crise oblige et la logique économique est la même dans tous les secteurs, y compris celui du jouralisme, sportif ou non. Quoi de mieux pour vendre que de lancer des rumeurs- de transferts par exemple? La période estivale du mercato fait ainsi les beaux jours de France Football, L'Equipe et on en passe mais c'est surtout toute l'année que les intérêts d'un club pour un joueur d'un autre club font les gros titres et permettent de faire parler, donc de vendre.
A chaque mois sa grosse rumeur, à chaque mois son gros titre "Cristiano Ronaldo visé par Manchester City", "Pep Guardiola se dirigerait vers le PSG" blablabla... On résume le foot à "ce joueur coûte-t-il trop cher?", "va-t-il justifier ce prix?" plutôt que d'exposer les qualités du joueur, sa palette technique différente de celle du joueur en place dans le club où il est transféré... on préfère parler encore et toujours de ce qui est autour du terrain.
Le transfert d'Anthony Martial vers Manchester United en provenance de Monaco, dans les dernières heures du dernier mercato, en a été un exemple parfait: la presse française était étonnée du prix (80 millions d'euros, on le rappelle) pour un si jeune joueur et estimait qu'il n'avait pas montré qu'il valait autant; on ne parlait plus que d'argent et on ne se rendait pas compte de l'énorme pas qu'allait effectuer Martial, de ce qu'il allait apprendre à Manchester, de ce qu'il pouvait proposer de différent dans une équipe qui n'avait pas jusque-là de réel numéro 9, devant même aligner parfois Marouane Fellaini, milieu défensif en pointe lorsque le génial mais souvent déçevant Wayne Rooney était absent.
Personne, absolument personne ne nous a parlé du jeu de Martial, de ses capacités, de son potentiel et même une partie de la presse anglaise est tombée dans le panneau. Prenons aussi l'exemple de l'OM, qui perd son fantasque entraîneur, Marcelo Bielsa alors que le championnat vient de commencer, la faute à une démission qui en a surpris plus d'un.
Son successeur, Michel, arrive et l'on nous dit: "Ah, lui au moins il sourit!"; on nous dit même après la tonitruante victoire face à Troyes (6-0) qu'il "propose un meilleur jeu, plus équilibré tout en étant très spectaculaire"...
Mais personne n'a évoqué ce qu'il avait fait ailleurs, quel style de jeu il prônait, comment il organisait ses équipes etc,si ce n'est avec des séquences vidéos de 30 secondes, bien peu révélatrices...
Aujourd'hui, où en sommes-nous? En Championnat, l'OM a pris 9 points sur 30 possibles (quasiment un rythme de relégué) et se retrouve 16e; pour ce qui est de l'Europa League, les Phocéens ont subi une cuisante défaite au Vélodrome face à la bien modeste équipe de Liberec.
Le jeu pratiqué par l'équipe de Michel contre Troyes n'est plus qu'un lointain souvenir.
On ne nous parle que d'envie, d'agressivité ou de motivation sur les plateaux de télévision mais personne ne nous montre, vidéo à l'appui(avec des séquences dépassant 30 secondes, si possible), ce qui ne marche pas et ce qui doit changer pour que l'OM retrouve un visage digne de son histoire, de son passé.
2- LES CHRONIQUEUR NE NOUS APPRENNENT RIEN
Parlons du Canal Football Club, émission en clair sur Canal+ le dimanche à 19h10 et qui rassemble une grande partie de ceux qui apprécient le football et plus particulièrement le football français, avant la "grande affiche" du dimanche soir. Les chroniqueurs du "CFC" reprennent aussi l'antenne à la mi-temps, pour "analyser" la première mi-temps et après le match pour en faire un débrief.
Le problème c'est que, 80% du temps, ils n'analysent rien, ils exposent les faits marquants (les buts, les plus belles actions) mais ne parlent pas de jeu. Non, ils préfèrent parler de la polémique s'il y en a une, par exemple autour d'un penalty, alors ils vont prendre 5 minutes pour chacun donner leur avis sur "est-ce qu'il y a faute?" alors que l'on pourrait très bien y répondre en 45 secondes et aborder le jeu.
Ils préfèrent dire des banalités ( "Il lui touche le pied sans prendre le ballon, il y a faute" ou encore, sur un joueur qui ne réalise pas une grande partie "il doit faire mieux, il en est capable") plutôt que de se concentrer sur le fond.
On analyse l'instant (bien obligé au milieu des deux mi-temps d'accord mais l'on pourrait aborder autre chose que les polémiques) et parfois, les mots vont trop loin et deviennent insultants pour les joueurs: ainsi, Edinson Cavani a été qualifié "d'otarie" par Pierre Ménès.
Au lieu d'expliquer pourquoi ça ne marche pas, dans quel système tactique il se sent le mieux, quelle différence de style existe entre le championnat italien et le championnat français qui pourraient expliquer que Cavani soit moins épanoui footballistiquement parlant en France qu'il ne l'a été en Italie...
Lorsque l'attaquant uruguayen a inscrit un doublé face à Monaco, Ménès s'est contenté de déclarer: "Il ne me dérange pas quand il est à ce niveau".
Mais nous, Pierre, nous qui aimons le football, le vrai, celui du terrain et pas celui des polémiques, tu nous déranges constamment car tu n'es jamais au niveau qui devrait être celui d'un journaliste.
Les "spécialistes" du football français que sont censés êtres les médias sportifs et les chroniqueurs n'éduquent pas le public en matière de football, ils lui apprennent à juger si oui ou non il y a hors-jeu sur le but accordé, si oui ou non il y a faute au départ de l'action...
Ainsi, si la recherche sur le football n'est pas personnelle en se rendant sur des sites de qualités (Les cahiers du foot ou encore Ultimo Diez dans un autre registre, plus ironique), la personne posée sur son canapé devant la télévision ou en train de lire le journal ne pourra pas élever son niveau.
A bientôt pour un nouvel épisode ;-)
Thomas et Thiaty

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